En Thessalie, la gardienne du paradis du fruit
Après la perte de son emploi, Elena Karagianni est partie travailler dans le seul secteur qui résiste encore en Grèce, le tourisme des îles.
Laissant derrière lui la côte égéenne et le port de Volos pour emprunter la route qui sinue entre maisons seigneuriales de pierre sèche et monastères millénaires, jusqu’au mont Pélion, le voyageur inattentif passera peut-être à côté d’une propriété qui a pourtant tout du jardin des Hespérides. Les fruits d’or qui en gardent l’entrée ne sont pas des pommes, mais des melons charnus et sucrés, embaumant l’air de leurs senteurs de miel, et empilés sur des stands, au bord de la route, parmi les pastèques, les tomates ventrues, les aubergines multicolores et les bouquets de persil. Derrière cet étal aux merveilles destiné aux automobilistes en chemin pour la plage, commence le royaume d’Elena Karagianni et de sa famille.
Après s’être faufilés entre les serres bricolées avec du filet de pêche, avoir franchi une rigole et sauté d’un carré d’amandiers à une case d’abricotiers comme au jeu de l’oie, nous retrouvons la jardinière de 42 ans les mains affairées sur des branches couvertes de petites gouttes rouges. C’est la pleine saison du lyciet, un arbrisseau (…)
