En Iran, la Fête du feu comme remède contre la morosité

Téhéran (AFP) - Des flammes pour faire fi de ses problèmes: à Téhéran, des Iraniens allument des feux en pleine rue et sautent par-dessus, une tradition ancestrale du Nouvel An persan pour oublier la situation économique.
Les Iraniens célébreront vendredi Norouz, le passage à 1404 la nouvelle année du calendrier persan.
En prélude, comme chaque dernier mardi de l'année, Tchaharchanbé Souri (ou Fête du feu) anime les rues iraniennes au crépuscule.
Des feux sont allumés et au son de chants ou de musique des gens sautent par-dessus pour se purifier et chasser les mauvais esprits, un rituel hérité de la Perse pré-antique.
"Nous sommes venus nous amuser un peu pour nous remonter le moral", déclare à l'AFP Amir Saadati.
"On est tous dans une mauvaise situation économique", souligne ce serveur de 31 ans, qui espère que "tous les problèmes disparaîtront" avec la nouvelle année.
L'économie iranienne, déjà fragilisée par les sanctions américaines, est pénalisée par la forte dépréciation de la monnaie nationale face au dollar et par une inflation galopante qui étrangle les ménages.
Depuis une vingtaine d'années, la Fête du feu s'est transformée en exutoire pour la jeunesse iranienne, à grands renforts de pétards et feux d'artifice, en dépit des mises en garde des autorités qui ne voient pas d'un bon oeil cette tradition, jugée "païenne" par la grande majorité du clergé chiite.
"Je te donne ma couleur jaune" (celle de la maladie) et "je prends ta couleur rouge" (celle de la vie), crient à tour de rôle les participants avant de s'élancer au-dessus des flammes.
Sur un trottoir des quartiers huppés de Téhéran, l'arrière d'une camionnette est transformé en buvette improvisée.Des groupes de jeunes savourent l'ambiance et se prennent en selfie.
"C'est une nuit de joie", estime Erfan Hosseini, un vendeur de 32 ans, ravi de voir des gens danser "à la maison et dans les rues".
Malgré les difficultés du quotidien, "les gens trouvent toujours une occasion comme Tcharchanbé Souri pour se réunir, plaisanter, rire et sauter par-dessus le feu", sourit Mobina Hosseini, une professeure d'anglais de 31 ans.
Ces célébrations sont toutefois chaque année endeuillées par des accidents.Selon le Croissant-rouge iranien, trois personnes ont perdu la vie mardi au cours de la Fête du feu.
Fête nationale en Iran, Norouz, le Nouvel An persan, est célébré au Tadjikistan, en Afghanistan, en Azerbaïdjan, en Turquie, en Syrie, en Irak et en Ouzbékistan.