En 1945, le retour difficile des prisonniers de guerre

En 1945, les militaires français qui reviennent d’Allemagne où ils étaient détenus ne sont pas bien reçus, car ils rappellent à la population les heures sombres de la défaite…
Dans son Journal d’un fantôme, à la date du 9 novembre 1945, le poète et ancien résistant Philippe Soupault note une rencontre avec André Gide : «Nous parlons notamment de la tragédie des retours. Il me rappelle que tous les héros de la guerre de Troie ont connu un retour tragique, sauf Ulysse que les dieux s’ingéniaient à empêcher de revenir.» En cette dernière année de la guerre, cette discussion érudite fait écho à une réalité très concrète : le gouvernement provisoire doit alors, bien avant la capitulation allemande du 8 mai, organiser le retour de plus de deux millions de Français prisonniers ou déportés en Allemagne.
Un défi logistique et humain colossalSur 1 850 000 soldats français qui se sont rendus en 1940 – chiffre considérable, comparable à celui des morts de la guerre de 1914-1918 – un million, en 1945, sont encore détenus sur le territoire du Reich, répartis entre les oflags (Offizierlager, camps pour officiers) et les stalags (Stammlager, camps de base, où sont immatriculés la plupart des sous-officiers (...)