Droits de douane: la Chine, menacée par Trump, s'engage à se défendre "jusqu'au bout"

Pékin (AFP) - La Chine a promis mardi de combattre les droits de douane américains "jusqu'au bout" malgré la menace de Donald Trump de nouvelles surtaxes, les deux premières économies mondiales se disant prêtes à l'escalade malgré la déroute des marchés financiers.
L'administration américaine assure rester ouverte à la négociation et les Bourses asiatiques, Tokyo en tête, sont pour la plupart reparties à la hause mardi en début de séance, reprenant leur souffle après plusieurs séances de plongeon à l'image du choc que représente pour l'économie mondiale l'offensive commerciale lancée par le président américain.
Mais les marchés mondiaux sont pour l'instant loin de compenser les milliers de milliards de dollars partis en fumée depuis "le jour de la libération" de mercredi dernier, quand Donald Trump a annoncé des droits de douane visant les importations de la plupart des pays dans le monde, en particulier en Europe et Asie.
Et les risques liés à l'escalade d'une guerre commerciale tous azimuts persistent, Donald Trump reprochant à Pékin de ne "pas avoir pris en compte (son) avertissement (...) de ne pas répliquer".
Il a brandi la menace d'imposer dès mercredi des taxes additionnelles à hauteur de 50% sur les importations chinoises si Pékin persiste à vouloir appliquer des droits de douane supplémentaires de 34% aux produits américains.
"La Chine n'acceptera jamais cela"", a déclaré un porte-parole du ministère du Commerce."Si les Etats-Unis insistent dans cette voie, la Chine les combattra jusqu'au bout", a-t-il ajouté, répétant cependant préférer un "dialogue" avec les États-Unis.
Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a déjà frappé les produits chinois d'une surtaxe additionnelle de 20%.Elle doit passer à 54% dès le 9 avril, avec les +34% annoncés la semaine dernière.
S'il met à exécution sa dernière menace, cela portera la surtaxe à un exorbitant 104%, de quoi doubler le prix des produits chinois à l'entrée sur le sol américain.
Le dirigeant de Hong Kong John Lee a fustigé des droits de douane "irresponsables".
- Plus d'inflation, moins de croissance -
Dans l'immédiat, la Chine cherche à apaiser la tempête financière provoquée par ces mesures et sa Banque centrale s'est engagée à soutenir le principal fonds d'Etat chinois, Central Huijin Investment, pour stabiliser les marchés.
La Bourse de Hong Kong rebondit mardi de près de 2% en début de séance au lendemain de sa pire chute depuis la crise financière de 1997 (-13%), tandis que Shanghai s'oriente en très légère hausse.
Au delà des seules places chinoises, l'heure est à l'accalmie boursière en Asie, de Tokyo (+6%) à Séoul (+1,5%) après plusieurs jours de plongeon et un semblant de stabilisation lundi à Wall Street à l'issue d'une séance en montagnes russes.
Mais Taïwan reste orientée à la baisse, tandis que Jakarta, fermée en raison de jours fériés ces derniers jours, a vu ses cotations suspendues après une ouverture en chute de 9%.
Les analystes s'attendent à voir les économies tanguer sévèrement dans l'engrenage d'une guerre commerciale pouvant se traduire par des prix plus élevés, plus de chômage et moins de croissance.
Donald Trump affirme que la première économie mondiale est "pillée" par le reste du monde.En conséquence, il a décidé d'imposer un taux additionnel de 10% sur tous les produits importés aux États-Unis, entré en vigueur samedi avec quelques exceptions comme l'or et l'énergie.
Ce taux doit être relevé dès mercredi pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l'Union européenne (+20%) et le Vietnam (+46%).
- "Accords équitables" -
Les partenaires commerciaux des Etats-Unis cherchent à convaincre Donald Trump d'alléger ce fardeau et ce dernier souffle en face le chaud et le froid.
Le président a affirmé ne plus vouloir s'entretenir avec des responsables chinois mais s'est dit prêt à négocier des "accords équitables" avec les autres pays.
Son secrétaire au Trésor Scott Bessent a expliqué sur Fox News que les droits de douane annoncés le 2 avril servaient à placer les Etats-Unis en position de force.Il a assuré qu'une fois que des assurances seraient reçues des autres pays sur la manière dont ils comptent ouvrir davantage leurs marchés aux produits américains, "le président Trump sera prêt à négocier".
Il a précisé que "50, 60, peut être près de 70 pays" avaient contacté l'administration américaine pour discuter, relevant que le Japon aurait "la priorité" dans toute négociation en raison de la réaction rapide de Tokyo et de ses liens avec les Etats-Unis.
Premier dirigeant étranger reçu à la Maison Blanche par le président américain depuis les annonces de la semaine dernière, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis d'éliminer les droits de douane et l'excédent commercial de son pays vis-à-vis des Etats-Unis.
L'Union européenne (UE), de son côté, a proposé à Washington d'abolir les droits de douane de part et d'autre de l'Atlantique sur les produits issus de l'industrie, comme les voitures et les médicaments.