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Brésil: Bolsonaro crie au "déni de démocratie" face à ses partisans

Brésil: Bolsonaro crie au "déni de démocratie" face à ses partisans
Publié le , mis à jour le

Rio de Janeiro (Brésil) (AFP) - Haranguant des milliers de manifestants massés au bord de la plage de Copacabana, l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, menacé d'un procès pour projet présumé de coup d'Etat et inéligible jusqu'en 2030, a scandé dimanche à Rio de Janeiro que le fait qu'il soit empêché de briguer un nouveau mandat l'an prochain est "un déni de la démocratie".

"Je veux dire à ceux qui ne m'aiment pas à Brasilia: des élections sans Bolsonaro, c'est le déni de la démocratie au Brésil", a-t-il lancé, juché sur une estrade sur laquelle était collée une affiche montrant le président américain Donald Trump le poing brandi, après l'attentat subi lors de la campagne électorale en Pennsylvanie, en juillet dernier. 

Selon un photographe de l'AFP, l'affluence était moindre que lors d'une manifestation au même endroit en avril 2024.Jair avait pourtant émis le souhait de voir "un million" de manifestants dimanche lors d'un appel sur les réseaux sociaux en début de semaine.

Une autre manifestation est programmée le 6 avril à Sao Paulo, la plus grande mégalopole d'Amérique Latine.

Acclamé par ses partisans qui l'ont accueilli en criant "mito!" (le mythe, son surnom), Jair Bolsonaro, 69 ans, a tenu un discours moins virulent qu'à l'accoutumée, laissant à ses lieutenants le soin d'adresser des attaques frontales contre ses détracteurs.

Quelques minutes plus tôt, sur la même estrade, le sénateur Flavio Bolsonaro, son fils aîné, a traité le président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva de "voleur". 

Le pasteur évangélique Silas Malafaia, organisateur de la manifestation, a pour sa part qualifié de "criminel" Alexandre de Moraes, juge chargé du dossier pouvant déboucher sur un procès pénal contre l'ex-président.

Le mot d'ordre de la manifestation était l'"amnistie" des personnes condamnées pour leur implication dans les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia.

Ce jour-là, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient pris d'assaut et saccagé le palais présidentiel, le parlement et le siège de la Cour suprême, une semaine après l'investiture de Lula.

Alors que Jair Bolsonaro se trouvait aux Etats-Unis, ils réclamaient une intervention militaire pour déloger Lula, qui avait battu leur champion à l'élection présidentielle de 2022.

- Rêve de come-back à la Trump -

Ces émeutes sont une des raisons qui ont poussé le parquet à inculper en février l'ex-président pour un projet présumé de coup d'Etat afin de se maintenir au pouvoir.

Il est accusé d'être le leader d'une "organisation criminelle" ayant conspiré de longue date à cette fin et encourt une peine cumulée pouvant dépasser 40 ans de prison.

Jeudi, le parquet a réfuté les arguments de la défense, qui estimait notamment que la Cour suprême n'était pas compétente pour le juger, aux côtés de 33 autres personnes, dont d'anciens ministres et des hauts gradés.

La prochaine étape aura lieu le 25 mars: la haute juridiction décidera s'il existe des éléments suffisants pour l'ouverture d'un procès. 

"Pourquoi je devrais prouver que je n'ai pas (préparé) de coup d'Etat?C'est eux qui doivent donner des preuves", a déclaré face aux manifestants Jair Bolsonaro, qui a toujours clamé son innocence et dénoncé une "persécution" politique pour l'empêcher d'être candidat à la présidentielle de 2026.

L'ancien capitaine de l'armée a été déclaré inéligible jusqu'en 2030 pour ses attaques sans preuve contre le système d'urnes électroniques brésilien, mais il espère faire annuler cette condamnation, ou raccourcir sa peine, pour briguer un second mandat.

Il rêve d'un come-back à la Donald Trump, de retour à la Maison Blanche malgré ses déboires judiciaires, et espère que le président américain usera de son "influence" en sa faveur.

- "Si Dieu le veut" -

"Ils sont en train d'essayer de le jeter lâchement en prison, pour qu'il ne puisse pas se faire élire, mais ils ne vont pas y arriver", a déclaré a l'AFP Patricia Santos, manifestante de 41 ans, à Copacabana.

"Si Dieu le veut, il sera candidat en 2026", renchérit Lucia Fatima de Souza, une aide-soignante de 60 ans.

Le gouverneur de Sao Paulo, Tarcisio de Freitas, ex-ministre de Jair Bolsonaro était à ses côtés dimanche à Copacabana et a tenu à lui manifester son soutien appuyé, alors qu'il est l'une des personnalités pressenties pour le remplacer en tant que candidat de la droite l'an prochain.

"Nous allons reconduire le meilleur président de l'histoire du Brésil à sa place", a-t-il lancé.

L'incertitude au sujet du scrutin de 2026 plane également à gauche: Lula, affecté par des soucis récents de santé et une cote de popularité plombée par l'inflation, reste énigmatique sur ses intentions d'être candidat ou non.

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