Balto, Togo et les autres: les héroïques chiens de la «course au sérum» de 1925

Décembre 1924. En banlieue de la petite ville américaine de Nome, en Alaska, le docteur Curtis Welch ausculte son premier patient de la journée. Il s’agit d’un garçon inuit de 3 ans au visage émacié. Symptômes: fièvre, toux, respiration laborieuse, fatigue. Diagnostic: angine sévère. Le médecin quitte rapidement le quartier –il n’y a pas grand-chose à faire, si ce n’est laisser retomber la fièvre. Il repassera au besoin.
Curtis Welch est le seul docteur de Nome, bourgade de 1.400 âmes plafonnant à vingt habitants au kilomètre carré. La plupart des résidents sont concentrés dans ces faubourgs qui se dissolvent dans le blizzard. Cet hiver, le village est une silhouette squelettique grelottant dans le froid polaire, seuls quelques riverains arpentent les planches de sapin qui bordent les rues. Avec un mercure frôlant les –35°C dans les terres en pleine journée, mieux vaut rester près du feu à faire sécher du poisson salé ou à coudre des mocassins.
L’Arctique de la mort
Il n’y a pas que le blizzard et les figures encapuchonnées qui donnent à Nome l’allure d’un village fantôme. Une épaisse couche de neige, dure comme la roche, la paralyse à la manière d’une camisole de force pendant au moins six mois. C’est un environnement froid, stérile et très isolé. Le détroit de Béring, par lequel passent la plupart des navires marchands, est gelé depuis plusieurs semaines. Il faudra attendre la…