Des millions de « cigales zombies » émergent après 17 ans d’attente souterraine : explications sur ce phénomène

Tous les 17 ans, des millions de cigales émergent simultanément du sol aux États-Unis, fascinant scientifiques et habitants. Leur étrange comportement, parfois altéré par un champignon parasite, intrigue au point qu’on les surnomme les « cigales zombies ».
Tl;dr
- Retour massif des cigales périodiques aux États-Unis.
- Inoffensives, elles jouent un rôle écologique clé.
- L’urbanisation et le climat menacent leur survie.
Le retour fascinant des cigales périodiques
Dans plusieurs régions du sud des États-Unis, le sol vibre au rythme d’un phénomène rare et spectaculaire : l’émergence massive des cigales périodiques. Signalé récemment par l’application participative Cicada Safari, ce retour n’avait pas été observé depuis l’été 2008. Curiosité scientifique autant qu’expérience collective, leur réapparition intrigue tant les spécialistes que les habitants, surpris de voir leurs maisons et voitures recouvertes de ces insectes aux yeux rouges.
Un cycle unique dans la nature
Phénomène propre à l’est américain, ces « cigales zombies » sortent de terre simultanément tous les 13 ou 17 ans, en cohortes gigantesques comme la fameuse couvée XIV (« Brood XIV »). D’après la spécialiste Chris Simon (Université du Connecticut), le processus fascine : « Tout le monde est fasciné par ces insectes, parce que vous ne voyez rien pendant 13 ou 17 ans, et puis tout d’un coup, votre maison et votre voiture en sont recouvertes ». Après avoir émergé sous forme de nymphes, elles muent, s’accouplent dans un vacarme assourdissant orchestré par les mâles, pondent puis meurent en quelques semaines seulement.
Cigales et équilibre écologique
Appartenant à la grande famille des hémiptères – qui comprend aussi punaises de lit ou pucerons –, il existe près de 3 500 espèces de cigales recensées à travers le monde. Mais seules quelques espèces sont dotées de ce cycle si particulier. Contrairement aux idées reçues, les cigales adultes sont totalement inoffensives : elles ne consomment plus d’aliments solides une fois sorties de terre. Leur abondance sert surtout à saturer leurs prédateurs naturels – oiseaux, renards, ratons laveurs ou tortues – contribuant ainsi à réguler l’écosystème local. D’ailleurs, certains scientifiques rappellent combien ces créatures incarnent pour beaucoup une sorte de « créatures de l’histoire », jalonnant le passage du temps.
Avenir incertain face aux pressions humaines
Pourtant, malgré leur résilience ancestrale, ces populations font aujourd’hui face à des menaces croissantes. Les chercheurs alertent sur l’impact délétère de la déforestation, de l’urbanisation galopante, mais aussi du changement climatique. On observe désormais plus fréquemment des émergences prématurées ou retardées – parfois avec seulement quelques individus incapables d’assurer la survie du groupe. La disparition progressive de leur habitat naturel pourrait donc mettre en péril ce spectacle millénaire. Si chacun se laisse volontiers surprendre par cette marée d’insectes bruyants et inoffensifs, il faut bien reconnaître que leur sort reste suspendu… à nos choix collectifs.
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