Votre parfum pourrait perturber la barrière chimique naturelle qui protège votre corps

De plus en plus d’études s’intéressent à l’impact des parfums sur la barrière chimique naturelle de notre peau. Certains composants de ces fragrances pourraient perturber cet équilibre, exposant ainsi l’organisme à divers agents extérieurs.
Tl;dr
- Parfums et lotions modifient la chimie autour du corps.
- Le « champ d’oxydation humain » est perturbé.
- Conséquences sanitaires encore incertaines.
Un champ invisible au cœur de nos interactions chimiques
Depuis sa découverte récente, le champ d’oxydation humain intrigue les scientifiques. Ce bouclier invisible, formé autour de chaque individu, résulte de réactions entre les huiles naturelles de la peau et des polluants comme l’ozone. Il génère alors une zone riche en radicaux hydroxyles (OH), surnommés parfois le « détergent atmosphérique » pour leur capacité à neutraliser divers polluants présents dans l’air. Pourtant, il subsiste encore bien des zones d’ombre quant à son rôle exact et à son influence sur notre santé.
L’impact insoupçonné des produits cosmétiques
Récemment, des chercheurs du Max Planck Institute, sous la houlette de l’atmosphéricienne Nora Zannoni, ont voulu en savoir plus sur cette interaction méconnue. Ils ont observé, dans une pièce contrôlée en température, quatre jeunes adultes exposés successivement sans puis avec des produits cosmétiques. L’expérience révèle que l’application d’une simple lotion ou d’un parfum modifie drastiquement la chimie de l’air tout près du corps.
Quelques minutes après l’utilisation d’une lotion, deux composés – phénoxyéthanol et éthanol – s’échappent littéralement de la peau sous forme de « panaches thermiques », entraînés par la chaleur corporelle. À proximité immédiate du nez, leur concentration grimpe jusqu’à 2,8 fois celle mesurée dans l’air ambiant.
Quand le champ protecteur s’affaiblit
Pour aller plus loin, les scientifiques ont diffusé de l’ozone sous les participants afin de stimuler ce fameux champ d’oxydation humain. Surprise : la présence de lotions ralentit la production des précurseurs OH et réduit leur quantité autour du corps de 34 %. Une tendance similaire apparaît après vaporisation d’un parfum sur les mains : le niveau d’autres substances volatiles – éthanol ou monoterpènes – explose localement (jusqu’à dix fois au-dessus de la tête).
Dans ce contexte, voici ce qui a été constaté :
- Lotion et parfum perturbent le champ d’oxydation humain.
- Certaines substances voient leurs concentrations fortement augmenter près du visage.
- Cela pourrait générer des sous-produits chimiques inédits.
Santé : des effets encore flous mais inquiétants ?
Si les auteurs n’ont pas étudié directement les impacts sanitaires, ils appellent à la prudence face à ces transformations chimiques inédites. Selon l’atmosphéricien Jonathan Williams, il devient urgent de repenser « la chimie intérieure dans les espaces occupés parce que le champ d’oxydation que nous créons transforme beaucoup de substances tout près de nous ». En somme, ce qui se passe à quelques centimètres de notre peau pourrait bien influer – sans que nous le sachions encore vraiment – sur notre santé respiratoire ou cutanée.
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