Un steward d’Air France atteint du « syndrome aérotoxique » : quels symptômes et quels risques ?

Un steward d’Air France présente des symptômes tels que maux de tête et vertiges, associés à ce que l’on nomme le syndrome aérotoxique, une affection liée à l’exposition potentielle aux émanations de certains produits chimiques présents dans les cabines d’avion.
Tl;dr
- Un steward attaque Air France pour « syndrome aérotoxique ».
- Le lien entre air de cabine et santé reste débattu.
- Justice et experts peinent à trancher la controverse.
Syndrome aérotoxique : une polémique qui ne faiblit pas
Lorsque le débat s’enflamme autour de la qualité de l’air en cabine, c’est bien plus qu’une simple question technique : la santé des équipages, et indirectement celle des passagers, se retrouve au cœur de l’actualité.
Récemment, une juge d’instruction du pôle parisien environnement et santé publique a entendu un steward d’Air France, salarié depuis près de vingt ans, après que ce dernier a formellement accusé son employeur. Il reproche à la compagnie des « blessures involontaires » consécutives à trois malaises attribués au fameux syndrome aérotoxique. Un dossier désormais suivi de près par la justice française.
Des symptômes préoccupants chez les personnels navigants
Mais concrètement, de quoi parle-t-on ? Le syndrome aérotoxique, introduit dans le débat scientifique dès 1999 par le Dr Harry Hoffman, le professeur Chris Winder et l’expert Jean-Christophe Balouet, désigne un ensemble de troubles physiques et neurologiques observés chez certains membres d’équipage. Selon le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), ces manifestations seraient provoquées par l’inhalation d’air contaminé à bord : huiles de moteurs atomisées, agents chimiques divers et « additifs toxiques », comme le dénonce depuis longtemps l’Association des victimes du syndrome aérotoxique (Avsa). Les symptômes fréquemment relevés incluent :
- maux de tête persistants ;
- vertiges ou troubles respiratoires ;
- problèmes digestifs et atteintes neurologiques variées.
Lenteur des expertises et bataille judiciaire en cours
Si certains chercheurs ont plaidé dès 2017 auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour une reconnaissance rapide du phénomène en tant que maladie professionnelle, les autorités sanitaires françaises appellent à plus de rigueur scientifique avant toute décision. La Direction générale de l’aviation civile, dans une note datée de 2020, reconnaissait que les émanations chimiques pouvaient s’avérer incapacitantes dans les cas extrêmes. Mais, prudent, l’Agence de sécurité sanitaire, saisie récemment, réclamait encore fin 2023 des études approfondies pour établir un lien direct.
Le sujet divise également à l’international : ainsi l’IATA, principale organisation du transport aérien mondial, réfute catégoriquement tout lien avéré entre qualité d’air en cabine et pathologies durables – tout en dénonçant un excès « d’informations non fondées scientifiquement ».
D’autres compagnies aériennes concernées
L’affaire dépasse les frontières d’Air France. En parallèle, une autre enquête judiciaire vise un pilote d’EasyJet, qui affirme avoir subi des préjudices similaires. Une expertise menée en juin 2022 relève que si les expositions sont bel et bien constatées, leur caractérisation demeure incomplète. Fait notable : la cour d’appel de Toulouse estime qu’un lien avec le syndrome n’est pas à exclure selon la littérature scientifique. De son côté, EasyJet assure respecter scrupuleusement toutes les normes internationales sur la qualité de l’air.
En définitive, alors que justice et experts tâtonnent encore sur ce dossier sensible, une certitude s’impose : la question du syndrome aérotoxique s’installe durablement dans le paysage médiatique et judiciaire.