Trajets quotidiens : quand les transports minent insidieusement la santé mentale des travailleurs

Stress chronique, fatigue accumulée, sentiment d’impuissance : pour de nombreux actifs, les trajets domicile-travail s’imposent comme une épreuve quotidienne. Les effets délétères de ces déplacements sur le bien-être psychique inquiètent de plus en plus spécialistes et travailleurs.
Tl;dr
- Les trajets quotidiens nuisent à la santé mentale.
- Marche et vélo réduisent le stress lié aux transports.
- Varier les modes de déplacement améliore le bien-être.
Transports quotidiens : un impact croissant sur la santé mentale
Chaque jour, des millions de Français passent en moyenne 65 minutes dans les transports pour rejoindre leur travail ou leur lieu d’étude. Derrière cette routine, l’enquête menée par l’Institut Terram, l’Alliance pour la Santé Mentale et l’Ifop, éclaire un phénomène inquiétant : la fréquence et la pénibilité des déplacements pèsent lourdement sur la santé mentale.
Que ce soit à cause du bruit, des retards répétés, des embouteillages chroniques ou encore de la promiscuité dans les rames bondées, ces tracas quotidiens finissent par laisser des marques durables.
Stress, anxiété, burn-out : des chiffres qui interpellent
Les résultats sont frappants : parmi les 3 300 personnes interrogées, 67 % déclarent avoir traversé une période de stress ou d’anxiété intense, tandis que plus d’un quart ont eu recours à des antidépresseurs. Les troubles du sommeil (67 %), les symptômes dépressifs (53 %) ou encore le burn-out (32 %) jalonnent le quotidien d’une majorité de répondants. Dans près de la moitié des cas évoquant un épisode de colère ou une crise d’angoisse, les difficultés rencontrées lors des trajets sont pointées comme facteur aggravant.
Plus on parcourt de kilomètres, plus le risque s’amplifie : ainsi, 67 % des actifs effectuant plus de 50 km quotidiennement y associent un impact négatif sur leur santé mentale contre seulement 19 % pour les petits trajets inférieurs à 5 km. Le sentiment d’anxiété demeure aussi plus marqué en ville qu’à la campagne.
Jeunes, femmes et parents isolés : vulnérabilités spécifiques
Il apparaît que les effets délétères des transports varient selon l’âge et le contexte personnel. Chez les jeunes actifs (18-34 ans), ils sont 35 % à ressentir un effet néfaste sur leur équilibre psychique — une proportion qui décroît avec l’âge. Les parents isolés, quant à eux, se disent deux fois plus susceptibles d’associer leurs trajets quotidiens à une colère intense que ceux sans enfant à charge.
Les femmes, bien qu’encore majoritairement responsables des enfants dans l’organisation familiale, évoquent moins souvent ces trajets comme source principale de mal-être — peut-être par intériorisation des contraintes sociales. Toutefois, chez les moins de 35 ans insatisfaites de l’offre de transport, 56 % signalent ne pas se sentir en sécurité.
L’alternative : bouger différemment pour mieux vivre ses déplacements
Mais alors, comment atténuer cet impact ? D’après l’enquête, la marche et le vélo s’imposent comme véritables alliés contre le stress. Deux tiers de leurs adeptes affirment ressentir moins d’anxiété en pratiquant régulièrement ces modes doux. La voiture reste perçue comme plus confortable que les transports collectifs – où seuls 66 % déclarent un faible niveau de stress – mais elle n’est pas exempte de tensions.
Une piste claire émerge toutefois : varier ses modes de déplacement. En combinant transports en commun avec marche ou vélo, 76 % des personnes rapportent une amélioration tangible de leur bien-être mental. Cette habitude tend même à se diffuser puisque près d’un Français sur deux privilégie cette alternance au moins une fois par semaine. Parmi les bénéfices cités :
- Diminution du stress
- Amélioration de l’humeur et concentration accrue
- Mieux-être général au quotidien
Derrière chaque trajet ordinaire se cache donc un enjeu majeur : repenser nos mobilités pourrait bien être une clé décisive pour protéger notre santé mentale collective.