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Refus d’obtempérer en Seine-et-Marne: les deux adolescents sont morts

Refus d’obtempérer en Seine-et-Marne: les deux adolescents sont morts
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Meaux (AFP) – Les deux adolescents de 17 ans qui avaient pris place sur un scooter accidenté en Seine-et-Marne à la suite d’un refus d’obtempérer sont morts samedi et dimanche, un drame qui alourdit encore le bilan des jeunes décédés dans des courses-poursuites avec la police.

Le conducteur du deux-roues, dont le pronostic vital était engagé depuis l’accident survenu vendredi soir à Chelles, est mort dimanche après-midi, a indiqué le procureur de la République de Meaux dans un communiqué.

Son passager était décédé samedi matin, selon la même source.

Les deux jeunes, domiciliés non loin de là, à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), avaient été hospitalisés polytraumatisés et en arrêt cardiorespiratoire tard vendredi soir.

Un feu rouge grillé vers 23H00 dans le département voisin de Seine-Saint-Denis a été le point de départ du drame.

Un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) de Neuilly-sur-Marne a alors tenté de contrôler le scooter, selon le parquet de Meaux, mais le deux-roues a refusé de s’arrêter et poursuivi sa course pendant deux kilomètres.

La préfecture de police a souligné auprès de l’AFP que « conformément aux instructions » du préfet de police Laurent Nuñez, « les policiers ont avisé la salle de commandement du refus d’obtempérer commis par le véhicule » et qu’ils ont engagé sa « prise en charge ».Les agents de la BAC ont fait usage de leurs « avertisseurs sonores et lumineux » pour obtenir l’arrêt du scooter, selon le parquet.

Arrivé à Chelles, « le conducteur essaie de freiner, mais à mon avis trop tardivement », a détaillé dimanche devant la presse le procureur, précisant que le deux-roues roulait « à une vitesse très importante » sur « une chaussée très humide ».

Sur des images filmées par la caméra-piéton d’un policier, « on voit littéralement le véhicule se dérober sous les pieds de ses occupants.Après, les choses vont extrêmement vite », a ajouté Jean-Baptiste Bladier, « les corps vont glisser et aller s’encastrer sous un véhicule » qui se trouvait à un feu rouge.

Le procureur a précisé que les policiers étaient arrivés « pour porter secours » aux victimes immédiatement après l’accident et que les sapeurs-pompiers et le Samu ont été engagés « très rapidement ».

Le parquet de Meaux a ouvert deux enquêtes.La première, pour refus d’obtempérer, a été confiée au commissariat de Chelles.La seconde, des chefs d’homicide et blessures involontaires, est menée par la délégation parisienne de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices ».

La chute du deux-roues n’est vraisemblablement pas consécutive à un choc avec la voiture de police qui le poursuivait, selon les premiers résultats des investigations communiqués par le procureur.

– « Pas de contact » entre véhicules –

Sur ce point, Jean-Baptiste Bladier a signalé que les enquêteurs avaient reçu dimanche « le témoignage spontané de deux automobilistes distincts », qui « ont attesté ne pas avoir constaté de contact matériel entre le véhicule de la BAC et le scooter ».

« Personne ne mérite de mourir pour un refus d’obtempérer », a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans une interview au média Brut dimanche, avant l’annonce du second décès. 

Depuis vendredi soir, les forces de police de Seine-et-Marne ont mis en place une « sécurisation » à Vaires. Aucun incident n’a été observé dans la zone, selon des sources policières, mais une vigilance particulière y était maintenue pour la nuit de dimanche à lundi.

Ce drame vient s’ajouter aux nombreux cas récents de jeunes morts ces derniers mois en France lors de courses-poursuites avec la police. 

Dans la nuit du 6 au 7 octobre, un jeune homme de 23 ans est mort dans un accident de scooter alors qu’il était poursuivi par des policiers municipaux à Saint-Priest (Rhône).

Deux mois plus tôt, dans la nuit du 5 au 6 août, à Limoges, deux jeunes circulant à scooter étaient morts après avoir percuté un véhicule en tentant d’échapper à un contrôle de police.

Ces deux décès à Limoges intervenaient un peu plus d’un mois après la mort, fin juin, de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.Sa mort avait déclenché plusieurs nuits de violences urbaines de très forte intensité dans le pays.

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