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Prison avec sursis requise contre les policiers de la brav-M pour avoir roulé sur un manifestant

Prison avec sursis requise contre les policiers de la brav-M pour avoir roulé sur un manifestant
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Paris (AFP) - Des peines de 5 à 10 mois de prison avec sursis ont été requises lundi à l'encontre de trois policiers membres de la BRAV-M, jugés à Paris notamment pour avoir roulé en moto sur un étudiant en mars 2023.

"Ce qui m'a le plus surprise, c'est qu'aucun des mis en cause n'a reconnu les faits", a regretté la procureure de la République. 

A l'encontre de Vincent V., le conducteur de la moto, accusé d'avoir roulé sur la jambe du manifestant et de lui avoir porté un coup de poing, la magistrate a requis 10 mois de prison avec sursis et l'interdiction d'exercer toute fonction publique. 

Le ministère public a demandé au tribunal de condamner les deux autres policiers, Mathias M. et Valentin T. à une peine de 5 mois de prison avec sursis. 

Les trois fonctionnaires de police étaient présents à l'audience devant le tribunal correctionnel.La victime, Valentin P., ne s'est pas constituée partie civile et n'a pas souhaité assister au procès.

Les faits remontent au 21 mars 2023, aux alentours de 23H10, dans le 12e arrondissement de Paris, en marge d'une mobilisation contre la réforme des retraites.

Ce soir-là, deux équipages de la BRAV-M — soit deux motards et deux passagers — étaient intervenus après le signalement de personnes lançant des projectiles.

La suite, le tribunal l'a découverte en visionnant deux vidéos exploitées par l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).L'une a été enregistrée par un passant et largement diffusée sur les réseaux sociaux, l'autre provient de la caméra piéton portée par l'un des policiers mis en cause.

On y voit un jeune homme s'enfuir pour échapper aux motards, trébucher sur le trottoir, puis être rattrapé par les policiers.L'un des motards accélère, et l'on voit le véhicule avancer vers la jambe gauche de Valentin P., avant que des coups ne lui soient assénés, accompagnés d'insultes.

On voit ensuite les policiers se retrouver et raconter à leurs collègues: "On vient de percuter un mec, on l'a démonté, on l'a découpé!".

Valentin P., étudiant de 19 ans à l'époque des faits, s'était vu prescrire une ITT (incapacité totale de travail) de huit jours, les soignants des urgences signalant d'importantes ecchymoses ainsi qu'un hématome de 56 cm derrière le tibia gauche.

"À aucun moment je lui ai roulé dessus!Je suis pas un fou furieux", a déclaré à la barre Vincent V., le conducteur de la moto.

- "Ce sont des aveux" -

Des explications qui n'ont pas convaincu la présidente du tribunal, laquelle a interrogé le prévenu sur la conversation de "cow-boys" entre les policiers après les faits.

"C'est surréaliste, cette conversation!Il y a de la surenchère, on a l'impression d'un défoulement.Pour nous, ce sont des aveux !", a-t-elle réagi.

Carrure impressionnante, crâne rasé et barbe châtain, Vincent V. a seulement reconnu avoir porté un coup de genou à la victime "pour éviter qu'il prenne la fuite, pas pour lui faire mal".

Son collègue d'unité, Mathias M., a lui aussi refusé de reconnaître les violences volontaires.Il a admis avoir donné une claque, mais dans la main de la victime, "pour la dégager", et non sur son visage.

Même démenti de la part de Valentin T., le troisième policier, qui affirme n'avoir donné "ni coup de pied, ni coup de genou" à l'homme à terre.

Légèrement bousculé par la présidente sur la violence de l'opération, le policier a toutefois reconnu qu'il ne s'agissait pas d'une intervention "normale", mais qu'elle était le résultat malheureux de "pression et de fatigue".

Un médecin expert a estimé que la blessure de la victime pouvait correspondre au passage d'une roue à faible vitesse, avec un poids total — moto et conducteur — de 358 kg.

Les BRAV-M (Brigades de répression de l'action violente motorisées) ont été créées au printemps 2019 afin d'intervenir rapidement lors de manifestations, de violences urbaines ou de dégradations.

Ces unités sont régulièrement pointées du doigt depuis leur création, accusées d'usage excessif de la force.

Les trois fonctionnaires de police, ainsi qu'un de leurs collègues, seront également jugés ultérieurement pour faux, après avoir rédigé des rapports erronés sur les événements de la soirée.

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