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Pour son 1er-Mai, Marine Le Pen re-lepénise le RN

Pour son 1er-Mai, Marine Le Pen re-lepénise le RN
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Narbonne (AFP) - Un mois après sa condamnation qui pourrait compromettre une quatrième candidature à l'Elysée, Marine Le Pen a mis en garde contre une "confiscation de la démocratie", jeudi à Narbonne, en mesurant une popularité intacte chez les militants.

"Depuis trente jours, c'est pour mon honneur et pour mon innocence que j'ai dû m'engager dans une nouvelle bataille avec pour seul horizon de vous représenter dans deux ans à la prochaine élection présidentielle": devant au moins 5.000 personnes, Marine Le Pen a entendu annihiler toute ambiguïté.

Et précisé, si nécessaire, que "ce combat" sera mené "avec le soutien de Jordan Bardella".

Il s'agissait ainsi de marteler le caractère incontestable de sa candidature, malgré l'épée de Damoclès judiciaire, et surtout faire taire l'hypothèse d'un "plan B comme Bardella" pour l'Elysée en 2027, relayée ces derniers jours par l'intéressé lui-même.

Le 31 mars, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Marine Le Pen à une inéligibilité immédiate de cinq ans dans le dossier des assistants d'eurodéputés du parti, qui lui a aussi valu quatre ans d'emprisonnement, dont deux ferme, et 100.000 euros d'amende.

Marine Le Pen a fait appel de cette condamnation et un nouveau procès aura lieu au premier semestre 2026.

Si le président du RN a eu l'honneur protocolaire de prendre la parole en dernier lors de ce traditionnel meeting du 1er-Mai, c'était bien Marine Le Pen le clou de ce spectacle qui se voulait une démonstration de force et de détermination.

La triple candidate malheureuse, après un long bain de foule, en a profité pour insister sur le volet "social" de son programme, à rebours des accents libéraux dont use Jordan Bardella depuis plusieurs mois.

Revendiquant une "vision gaullienne", elle lie "justice sociale" et "justice économique", loue un "Etat stratège" et promet une "Renaissance".

L'immigration ? Un coût sur la protection sociale, "au-delà des problèmes sécuritaires, identitaires, culturels".

La "préférence nationale" ? Justifiée par "la lutte contre la falsification du marché du travail".Et lorsqu'elle énumère ses "première priorités" au pouvoir, le "rétablissement de notre modèle énergétique", "l'abrogation des transpositions européennes", "la remise en ordre de notre système fiscal" et "la remise à flot de notre système d'éducation" arrivent avant "la maîtrise de l'immigration".

Quelques minutes auparavant, le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, s'était d'ailleurs autorisé à célébrer la figure narbonnaise, le socialiste Léon Blum, avant d'entonner a capella "Douce France" de Charles Trénet, l'autre enfant du pays.

- Appel à "se lever" -

Il restait à Jordan Bardella à évoquer "les racines chrétiennes", "les clochers", "les prières anciennes" ou "la tolérance zéro" face à "l'ensauvagement" qui "n'épargne plus aucun territoire.

Pas un mot, en revanche sur 2027, lui qui avait estimé samedi dernier que "si (Marine Le Pen) devait être empêchée demain", il "pensait pouvoir dire" qu'il serait "son candidat".

"Si je passais demain sous un camion, eh bien, (Jordan Bardella) serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer", avait-elle admis pleine d'ironie trois jours plus tard, manière de mieux renvoyer l'hypothèse à une forme d'incongruité.

Reste que le président du Rassemblement national a lui-aussi pu mesurer son immense popularité auprès des sympathisants, déclenchant une ferveur parfois supérieure à celle recueillie par sa patronne lors d'un discours d'ailleurs plus long d'une dizaine de minutes.

Les deux, pour qui il s'agissait d'afficher leur unité, se sont quoi qu'il en soit rejoints sur l'importance des élections municipales de 2026.

"Ce sont elles qui vous donneront l'occasion de vous lever contre leur entreprise de confiscation de la démocratie pour la reprendre en main au plus près de chez vous", a lancé Marine Le Pen.

Et relevé que "si le système veut m'empêcher d'être candidate à l'élection présidentielle, après avoir voulu empêcher Jordan Bardella d'être Premier ministre, il ne pourra pas empêcher des milliers de Français, partout dans notre pays, d'agir, de s'engager, de prendre des responsabilités".

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