logo AFP France

actualites · france

Nouveau drame dans la Manche: un migrant décède sur un canot surchargé

Nouveau drame dans la Manche: un migrant décède sur un canot surchargé
Publié le 28 juil. 2024 à 12:51, mis à jour le 28 juil. 2024 à 12:53

Lille (AFP) - Eté meurtrier dans la Manche: un migrant est à nouveau décédé dimanche en tentant de gagner l'Angleterre par la mer sur une embarcation surchargée, quelques jours après une série de six décès dans trois autres tentatives de traversées.

La personne décédée dimanche n'a pas été récupérée dans l'eau mais trouvée inanimée dans un canot dont une partie des passagers avaient appelé à l'aide, a rapporté la Préfecture de la Manche et de la Mer du Nord (Premar).

La Premar décrit à l'AFP un "phénomène nouveau de personnes qui périssent en mer, pas par noyade mais par malaise ou bousculade".

Selon la même source, environ 75 personnes se trouvaient à bord de cette embarcation et 35 ont été secourues, dont la personne finalement décédée, les autres poursuivant leur route vers l'Angleterre.

Dans la nuit de samedi à dimanche, ce canot avait été signalé au large de Calais au centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Gris-Nez.

Le CROSS envoie alors un navire de la gendarmerie et un patrouilleur des garde-côtes des douanes dans cette zone et vers 5H30 du matin, "une partie des personnes à bord demandent assistance".

Lors du transfert à bord des deux navires de personnes en difficulté, "il est constaté" dans l'embarcation de migrants "qu'une personne est inanimée", explique la préfecture maritime dans un communiqué.

Cette personne "est prise en charge à bord et les premiers secours sont immédiatement prodigués" puis elle est hélitreuillée vers l'hôpital de Boulogne-sur-Mer. 

"Elle sera malheureusement déclarée décédée", écrit la Premar, sans dire à ce stade s'il s'agit d'un homme ou d'une femme.

Certains passagers du canot refusant l'assistance proposée et "compte tenu des risques de chute à la mer ou de blessure encourus pour les personnes en cas d'intervention contrainte, le choix est fait de (les) laisser poursuivre leur route", poursuit le communiqué.

- Lourd bilan en 2024 -

Ce nouveau drame vient s'ajouter à un série noire de décès dans la Manche depuis mi-juillet.Entre le 12 et le 19 juillet, six migrants sont morts dans des tentatives de traversée sur des canots très chargés: quatre hommes le 12 juillet, une femme érythréenne le 17 puis un homme le 19. 

Le nombre de personnes à bord atteignait 86 le 19 juillet.Un patrouilleur français avait alors récupéré cinq personnes tombées à l'eau avant de transférer à son bord les autres migrants et de constater qu'une personne était inanimée dans l'embarcation. 

Sur l'ensemble de l'année 2023, douze migrants étaient décédés en tentant de gagner l’Angleterre par la mer, selon le bilan de la Premar.Un bilan humain déjà largement dépassé en 2024, avec 23 morts depuis début janvier, d'après le décompte de la préfecture.

Ce nouveau décès "n'est pas un accident, c'est le résultat direct des politiques qui sont mises en place aujourd'hui, l'absence de voies de passage sûres et la répression sur le littoral", s'est indignée la coordinatrice de l'Auberge des migrants, Flore Judet.

"Ils sont de plus en plus nombreux (sur chaque embarcation), c'est effrayant", s'est également émue Claire Millot, vice-président de l'association Salam."La solution n’est pas de crever les canots, ils sont de plus en plus nombreux sur ceux qui restent.La solution est de leur donner la possibilité de rester, de travailler, on en a besoin en plus", estime la bénévole.

La France et le Royaume-Uni tentent depuis des années d'enrayer ces tentatives de traversées de la Manche sur des canots pneumatiques.

Le président français Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer se sont engagés mi-juillet à "renforcer leur coopération en matière de migration irrégulière", en marge d'un sommet avec 40 dirigeants européens.

A peine arrivé au pouvoir début juillet, M. Starmer a confirmé l'abandon du projet controversé d'expulser des migrants au Rwanda, lancé en 2022 mais jamais concrétisé. 

A la place, il a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d'asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs pour "renforcer" les frontières.

"Nous remplacerons le (projet d'expulser des migrants au Rwanda) par un programme sérieux de retour et d'application de la loi", a affirmé la ministre de l'Intérieur, Yvette Cooper.

Publicité
Partager
  • partager sur Facebook logo
  • partager sur X logo
  • partager par email logo