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Mort de Steve à Nantes: à son procès, le commissaire Chassaing exprime sa "compassion"

Mort de Steve à Nantes: à son procès, le commissaire Chassaing exprime sa "compassion"
Publié le , mis à jour le

Rennes (AFP) - Le commissaire Grégoire Chassaing, qui comparaît depuis lundi matin à Rennes pour "homicide involontaire" après une opération de police controversée lors de laquelle Steve Maia Caniço s'est noyé à Nantes en 2019, a exprimé sa "compassion" auprès des proches du jeune homme.

En fin de matinée, Grégoire Chassaing a demandé à prendre la parole, il s'est avancé à la barre pour adresser "ses condoléances" à la famille.

Vêtu d'un costume bleu, les cheveux grisonnants, le fonctionnaire de 54 ans, récemment muté comme chef de circonscription à Lyon, est la seule personne à être jugée pour la mort de cet animateur périscolaire de 24 ans. 

"Je ne peux pas imaginer un seul instant ce que vous ressentez.Je tenais seulement à vous exprimer ma profonde compassion", a-t-il dit.

Dans l'après-midi, plusieurs témoins amis de Steve, qui étaient présents lors de cette Fête de la musique, ont défilé à la barre.

Ils ont décrit un jeune homme ayant envie de faire la fête, qui avait un peu bu de la bière mais n'était pas ivre, dansant éperdument mais également très fatigué, en fin de soirée. 

A 3H12, soit plus d'une heure avant sa chute, un témoin a de sa part reçu ce texto intriguant: "je suis trop fatigué j'ai besoin d'aide".

"Son message était accompagné d'un smiley, il n'y avait rien d'inquiétant", a confié ce témoin, soulignant que Steve connaissait beaucoup de monde et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.

Un autre témoin l'a vu allongé par terre, avec son sac comme oreiller, à environ un mètre du bord."Il aurait pu tomber même sans charge de police, ça aurait pu arriver à tout le monde", a-t-il dit, en réponse à une question de l'avocat du fonctionnaire sur un risque de chute dans la Loire. 

Dans la matinée, plusieurs membres de la famille de Steve avaient tenu des propos très émouvants sur le jeune homme, le décrivant comme "hyper sensible", "gentil" et "souriant", passionné de musique et de théâtre.Depuis son enfance, il avait aussi la phobie de l'eau et ne savait pas nager. 

Lors de la Fête de la musique du 21 au 22 juin 2019, des murs de son diffusaient de la musique quai Wilson en bord de Loire, pratique tolérée jusqu'à 4H00.

"Peu après cette heure, les effectifs de la police nationale intervenaient pour solliciter l'arrêt de la diffusion de la musique, qui était refusé par les organisateurs d'un mur de son", a retracé le parquet dans un dossier de presse.

Des teufeurs mécontents ont jeté divers projectiles sur les policiers qui ont répliqué par le jet de grenades lacrymogènes, selon cette source.

"Au cours de la soirée, plusieurs personnes tombaient dans la Loire, depuis le quai", a noté le parquet.

- "Prendre le temps" -

Le 29 juillet, après plusieurs semaines de mobilisation des proches du jeune homme, un pilote d'une navette fluviale retrouvait le corps flottant de Steve Maia Caniço. 

L'enquête a déterminé que la chute de Steve avait eu lieu à un endroit du quai sans barrière précisément à 4H33 et 14 secondes, soit deux minutes après les premiers tirs par les forces de l'ordre.

Philippe Astruc, un des procureurs au procès, a souligné devant la presse lundi matin que l'instruction avait été "longue" et avait demandé "de nombreuses expertises".

Lors du procès, on va "prendre le temps d'aller au fond des choses", a-t-il promis.

La défense de Grégoire Chassaing a annoncé qu'elle plaiderait la chute accidentelle dans le fleuve, sans aucun lien avec les tirs de gaz lacrymogènes par les policiers.

Le procès doit durer cinq jours, avec une trentaine de témoins et d'experts.Le jugement sera mis en délibéré à l'issue du procès.

Parmi les témoins qui doivent être entendus par le tribunal, figurent notamment six participants à la fête, dont trois étaient tombés dans la Loire, les deux DJ, des secouristes ou encore un commissaire divisionnaire cité par la défense.

Le prévenu encourt une peine de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. 

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