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Moins d'étrangers en situation irrégulière placés en rétention, mais plus longtemps

Moins d'étrangers en situation irrégulière placés en rétention, mais plus longtemps
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Paris (AFP) - Dans le viseur du ministère de l'Intérieur, les Centres de rétention administrative (CRA) ont reçu moins d'étrangers en situation irrégulière en 2024 comparé à 2023, mais plus longtemps, déplorent mardi les associations qui y interviennent.

Dans leur rapport annuel, les cinq associations intervenant dans ces lieux où l'administration enferme des personnes étrangères en vue de leur expulsion, révèle que 40.592 personnes ont été retenues dans des CRA en 2024 (contre 46.955 en 2023) dont 24.634 en Outre-mer (à Mayotte pour la quasi totalité) et 16.228 dans l'Hexagone.

Parmi les personnes qui ont été enfermées en France métropolitaine, la majorité étaient de nationalité algérienne (32%), devant les Tunisiens (12%), les Marocains (11%) et les Roumains(4,4%). 

Disséminés partout en France, les 25 CRA dont 4 en Outre-mer, permettent de retenir une personne jusqu'à 90 jours, voire 210 jours en cas d'activités terroristes.En moyenne les personnes y ont passé près de 33 jours, contre 28,5 l'année précédente, ce qui explique la diminution du nombre de placements, selon les associations, mandatées par l'Etat pour informer ces personnes sur leurs droits. 

"En quatre années seulement, la durée moyenne en rétention a doublé".En 2020 cette durée moyenne était de 16,7 jours, souligne le rapport, dénonçant des législations de plus en plus répressives.

"Toutes ces évolutions ont des effets délétères" sur "l'état physique et mental" des personnes enfermées, déplore-t-il, évoquant des tentatives de suicide, des actes d'automutilation, des violences et tensions exacerbées.

"Un système qui est fondé sur des procédures absurdes et maltraitantes ne peut apporter rien de positif, ni pour les personnes retenues, ni pour l'ensemble des acteurs des CRA, et ni pour notre société tout entière", a réagi auprès de l'AFP la secrétaire générale de la Cimade Fanélie Carrey-Conte.

- Proposition de loi - 

La droite sénatoriale, première force de la Haute assemblée, tremplin pour faire prospérer les idées du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (Les Républicains), opposé à l'immigration, a déposé une proposition de loi adoptée en première lecture mi-mars.Elle prévoit d'étendre la durée maximale à 210 jours aux étrangers également condamnés pour un crime ou un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement.

Le rapport rappelle pourtant que le placement en centre de rétention ne permet pas d'éloigner plus, puisque 57,6% des personnes ont été libérées à l'issue de leur enfermement. 

Par ailleurs, l'allongement de la durée passée en CRA ne se traduit pas par une augmentation des éloignements, pointent les associations.

"L'écrasante majorité" des éloignements (78%) ont lieu dans les 45 premiers jours et moins de 13% au-delà des 60 jours.

Dans le collimateur de Bruno Retailleau, qui les accuse d'être "juge et partie", les associations se sont inquiétées il y a une dizaine de jours d'une volonté de les évincer de ces structures fermées, gardées par des policiers.

En effet, le 12 mai, une nouvelle proposition de loi déposée par la sénatrice Marie-Carole Ciuntu (LR) sera examinée afin de confier leurs tâches à l'Office français de l'immigration et de l'intégration, organisme placé sous la tutelle du ministère de l'Intérieur. 

Cette proposition de loi "vise à amoindrir les capacités des personnes à exercer leurs droits, notamment aux recours", a dénoncé la Cimade qui s'est retirée en janvier du CRA du Mesnil-Amelot, plus grand de France, faute de pouvoir remplir "ses missions dans de bonnes conditions".

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