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Meurtre dans une mosquée: Le meurtrier d'Aboubakar Cissé transféré en France

Meurtre dans une mosquée: Le meurtrier d'Aboubakar Cissé transféré en France
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Montpellier (AFP) - Deux semaines après avoir tué à coups de couteau le jeune Malien Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, son meurtrier, qui avait fui en Italie, a été remis vendredi à la France, où l'affaire a ravivé le débat sur "l'islamophobie".

"Le mis en cause dans l'affaire de la Grand-Combe est transféré ce jour", a indiqué la procureure de Nîmes, Cécile Gensac à propos d'Olivier Hadzovic, un Français de 20 ans qui aurait agi, selon de précédentes déclarations de la magistrate, en raison d'une "envie obsessionnelle de tuer une personne".

En fuite pendant près de trois jours, le meurtrier d'Aboubakar Cissé, frappé de 57 coups de couteau le 25 avril dans la salle de prière de la mosquée Khadidja, à La Grand-Combe, commune gardoise de moins de 5.000 habitants, s'était rendu au commissariat de Pistoia, près de Florence.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, il a consenti à être remis à la France dans le cadre d'une procédure accélérée."Il a été remis ce matin aux autorités françaises", a confirmé à l'AFP son avocat italien.Interrogé sur l'état d'esprit de son client, Giovanni Salvietti a ajouté: "Comme d'habitude, il s'exprime très peu".

A son arrivée au palais de justice de Nîmes, prévue dans l'après-midi, Olivier Hadzovic sera présenté au juge d'instruction chargé de l'enquête pour son premier interrogatoire dans le cadre de l’enquête ouverte pour "meurtre aggravé par préméditation et à raison de la race ou de la religion".

- Manifestation -

Le magistrat devrait dans la foulée le mettre en examen, puis il sera présenté à un juge des libertés et de la détention, qui devrait décider sa détention provisoire.

Une cérémonie a eu lieu jeudi à Bamako en hommage à Aboubakar Cissé, dont le corps a été rapatrié dans son pays d'origine pour y être inhumé, en présence de proches et de responsables qui ont demandé aux autorités françaises que "la justice aboutisse".

En France, des organisations et personnalités appellent à une marche dimanche à Paris pour dénoncer "la progression de l'islamophobie" et rendre hommage au jeune homme, arrivé en France vers l'âge de 15 ans et qui vivait depuis plusieurs années dans des conditions précaires à La Grand-Combe, où sa "gentillesse" a été unanimement saluée.

"Il faut que tout le monde prenne part au combat pour protéger les musulmans de France" face à une "banalisation de l'islamophobie", assure Sofia Tizaoui, secrétaire syndicale de l'Union syndicale lycéenne, une des organisations à l'initiative de la mobilisation.

- "Dire les choses" -

Le terme d'islamophobie n'est pratiquement pas utilisé par la droite, qui le conteste.Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dont l'attitude dans cette affaire a été critiquée à gauche et par des proches de la victime, a estimé qu'"il y a une connotation idéologique du terme +islamophobie+ très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l'utiliser".

Le Premier ministre, François Bayrou, a au contraire défendu son emploi du terme "islamophobe" après le meurtre d'Aboubakar Cissé, affirmant qu'"il faut avoir le courage de dire les choses telles qu'elles sont".

Olivier Hadzovic a "agi dans un contexte isolé, sans revendication idéologique ou lien avec une organisation (...).Les ressorts pour agir de l'agresseur sont très vite apparus comme profondément personnels, l'envie de tuer quelqu'un, quelle que soit la cible", avait déclaré Mme Gensac le 2 mai.

Rien ne permet pour l'heure d'expliquer pourquoi "il entre dans cette mosquée" et agresse cette personne précise, avait insisté la magistrate, rappelant que des contenus en ligne du futur meurtrier avaient été signalés.Il y faisait part "d'envies de viols de femmes, de meurtres ou de viols de cadavre". 

Selon son avocat italien, le jeune homme a reconnu le meurtre mais nié avoir agi par haine de l'islam, indiquant "avoir tué la première personne qu'il a trouvée".

Les avocats de la famille Cissé réclament eux, en vain jusqu'à présent, que l'enquête soit requalifiée en "assassinat terroriste".

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