Manifestations agricoles: amendes requises contre des membres de la Coordination rurale
Agen (AFP) - Jusqu'à 10.000 euros d'amendes ont été requis mercredi contre la Coordination rurale du Lot-et-Garonne et plusieurs militants du syndicat, lors de la première journée d'un procès pour dégradations de bâtiments et entraves à la circulation lors de manifestations agricoles en 2024.
Cinq dossiers sur les 14 prévus ont été auditionnés jeudi devant le tribunal correctionnel d'Agen, où comparaissaient le président de la chambre d'agriculture du département, Patrick Franken, et les co-présidents de la CR47, José Pérez et Karine Duc.
La justice leur reproche notamment d'avoir empêché la circulation de trains près d'Agen en janvier 2024 en déversant des déchets sur la voie ferrée, ainsi que diverses dégradations de bâtiments de services de l'État (Office français de la biodiversité, direction des impôts, Urssaf, etc.), d'une mairie et d'une communauté de communes, de sociétés d'autoroutes ou encore d'enseignes de la grande distribution.
Dans cette première salve de dossiers, le parquet a requis 2.000 euros d'amende, dont 500 avec sursis, contre cinq membres du syndicat agricole pour avoir entravé la circulation de trains, et contre un sixième pour avoir introduit une botte de foin dans un restaurant McDonald's.
Une amende de 10.000 euros, dont 3.000 avec sursis, a également été réclamée dans ce même volet contre le syndicat lui-même pour entrave au trafic ferroviaire et pour avoir déversé du lisier et des déchets devant des bâtiments publics.
Dans un dernier dossier, 105 heures de travaux d'intérêt général ont été requises contre le président de la chambre d'agriculture pour avoir traité d'"ânes et d'imbéciles" trois policiers durant ces manifestations.
À la barre, Patrick Franken, déjà condamné trois fois par la justice, a présenté ses excuses pour ces propos.
Me Christophe Dejean, avocat du syndicat, a plaidé la relaxe."Rien ne tient dans ces dossiers", montés selon lui, "à la hâte, sans doute pour modérer les revendications agricoles", a-t-il fait valoir, se disant "pas certain qu'on arrive à ce résultat".
"La manifestation est due à la colère et la détresse des agriculteurs" s'est justifiée à la barre Karine Duc, co-présidente départementale du syndicat.
"Un agriculteur se suicide chaque jour et il faudrait rester en silence chez nous ?", s'est également indignée celle qui avait dénoncé avant l'audience "un procès politique" mené "contre nous" par l'État.
"Le tribunal est là pour se poser la question de la légalité de l'action et non pas sa légitimité", lui a rétorqué le président.
Le procès se termine jeudi avec les dossiers d'accusation de dégradations contre plusieurs bâtiments publics, dont l'Office français de la biodiversité, et des grandes surfaces.La décision doit être mise en délibéré au 10 juillet.
Quelque 300 agriculteurs accompagnés d'une soixantaine de tracteurs et des élus étaient présents aux abords du tribunal d'Agen pour soutenir les prévenus, selon un décompte de la police.