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L'information voyageur, un savoir-faire ancien que la RATP veut mettre à profit

L'information voyageur, un savoir-faire ancien que la RATP veut mettre à profit
Publié le , mis à jour le

Fontenay-sous-Bois (AFP) - Délivrer une information fiable et intuitive, tout en s'inscrivant dans plus d'un siècle d'histoire visuelle: au DesignLab de la RATP, cinq designers planchent en permanence sur les futurs supports d'informations pour les voyageurs, un savoir-faire que le groupe cherche désormais à exporter.

"La signalétique, on la lit tous, on la comprend tous, mais on ne l'a jamais apprise", explique en préambule Guillaume Gendrillon, designer à la RATP, entouré de prototypes et de maquettes préfigurant les innovations futures.

L'information des voyageurs a été érigée en priorité par le PDG Jean Castex, pour qui l'usager doit être placé au coeur du pilotage de l'opérateur de transports publics.

Celle-ci va des écrans d'information signalant des incidents, aux panneaux annonçant les temps d'attente dans le métro, en passant par la signalétique statique qui indique les sorties du métro ou à quel station on se trouve.

Une multitude de petites touches placées stratégiquement, pour fournir une information claire et consultable rapidement, qui garantit la fluidité des flux de voyageurs.

- Expérience -

"Une signalétique réussie est une signalétique qu'on ne perçoit même pas", avance Guillaume Gendrillon.Avec son équipe, il travaille actuellement à celle qu'on retrouvera dans les futures rames du MF19, le métro qui doit équiper huit lignes du métro parisien et sera déployé dans un premier temps sur la ligne 10 à l'automne prochain.

Dans le DesignLab, une maquette grandeur nature représentant une voiture d'un métro a été fabriquée avec à l'intérieur des écrans pour effectuer des essais.

Les équipes de designers tentent des choses, puis font venir des associations d'usagers ou l'autorité des transports Ile-de-France Mobilités (IDFM) pour recueillir leurs avis. 

La RATP a emmagasiné des décennies d'expérience dans l'information voyageurs et entend mettre à profit ce savoir-faire. 

La typographie propre au métro, baptisée "Parisine" et inventée par le célèbre créateur de caractères typographiques Jean-François Porchez en 1996, en est un bon exemple. 

Cette typographie a été adaptée de l'Helvetica "pour qu'elle soit très facile à lire de loin, même en mouvement", détaille Guillaume Gendrillon.La RATP a mis 20 ans à la déployer partout sur son réseau mais elle fait aujourd'hui autorité puisque Paris 2024 l'a reprise pour la signalétique des Jeux olympiques.

- Héritage -

Chaque innovation s'inscrit dans un héritage ancien, qu'il ne faut pas négliger.Le bleu des panneaux des stations est par exemple repris à chaque évolution.

Il s'agit du bleu de Sèvres, choisi pour les plaques de rue de Paris à partir de 1844 et "c'est un peu l'image de Paris, donc on y tient", insiste Guillaume Gendrillon.

La RATP, qui exploite des réseaux dans 16 pays sur les cinq continents et transporte 4 milliards de voyageurs tous les ans, insiste sur cette compétence."On doit s’adapter aux voyageurs en fonction des pays où on se trouve et aussi des époques", affirme le porte-parole de la RATP Jimmy Brun.

Par exemple les annonces sonores pré-enregistrées et répétées sont aujourd'hui un peu passées de mode, les usagers ayant souvent des écouteurs dans les oreilles. 

Le groupe RATP a déjà exporté son savoir-faire.Il a mis en place une nouvelle signalétique sur une ligne du métro du Caire ou encore en Toscane, où il a uniformisé l'information voyageurs statique de tout le réseau de bus régional.

La constante recherche d'innovation et d'adaptation aux usagers a aussi conduit à quelques ratés, comme lorsque l'ancien PDG de la RATP Pierre Mongin (2006-2015) avait demandé aux équipes du design de remettre au goût du jour le célèbre plan indicateur lumineux d'itinéraire (Pili) datant de 1937 et dont certains exemplaires constellaient encore le réseau dans les années 1990.

Cela a débouché sur la création de Zenway en 2015, un gigantesque écran tactile qui a fait flop, "l'exemple typique d'une mobilisation d'un grand espace qui ne bénéficie qu’à quelques personnes", selon Guillaume Gendrillon.

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