Les Républicains élisent leur nouveau président avec l'Elysée en ligne de mire

Paris (AFP) - Après trois mois de campagne, les plus de 120.000 adhérents des Républicains départagent dimanche les deux candidats à la présidence de leur parti, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, une élection interne qui pourrait propulser le vainqueur dans la course à l'Elysée.
Les adhérents, qui ont commencé à voter samedi en fin d'après-midi par internet, ont jusqu'à 18H00 pour désigner celui qui prendra le poste vacant depuis que l'ancien patron Eric Ciotti a choisi il y a près d'un an de s'allier au RN lors des législatives anticipées.
C'est la secrétaire générale du parti Annie Genevard, également ministre de l'Agriculture, qui annoncera les résultats en fin d'après-midi au siège parisien des Républicains.
Si Bruno Retailleau est donné favori face à Laurent Wauquiez, le mode de scrutin rend toutefois le résultat incertain: le nombre d'adhérents a pratiquement triplé pendant la campagne, passant de 43.859 à 121.617, sans qu'il soit possible de déterminer à qui profiteront ces recrutements, menés tambour battant par les deux candidats.
"Avantage Retailleau, mais belle campagne Wauquiez", synthétise un ex LR qui connaît bien son ancienne famille politique.
- "Créer la surprise" -
Mais M. Wauquiez se montre confiant: "Je vais créer la surprise", a-t-il affirmé au Figaro.
Une large victoire donnerait au vainqueur un argument de poids pour se lancer dans la course à l'Elysée à droite.
Un succès étroit, au contraire, lui compliquerait la tâche pour s'imposer face à des rivaux comme Edouard Philippe, le favori des sondages, voire des soutiens de Bruno Retailleau, à l'image du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou le maire de Cannes David Lisnard, qui demandent des primaires ouvertes à droite, alors que le Vendéen veut limiter le vote aux adhérents LR.
Le candidat de la droite et du centre "devra être désigné au cours d'une grande primaire ouverte, de Renaissance aux Républicains", a exigé dimanche dans Ouest-France le centriste Hervé Morin, porte-parole de Nouvelle Energie, le parti du maire de Cannes.
Laurent Wauquiez ne veut pas entendre parler non plus de primaire ouverte et n'a cessé d'agiter le danger d'une "dilution de la droite dans la macronie" si son président avait une double casquette avec Beauvau, évoquant des "bruits" sur un accord électoral avec Edouard Philippe.
Le député de Haute-Loire a d'ailleurs pris les devants, demandant d'ores et déjà un match retour avec Bruno Retailleau l'an prochain pour désigner le candidat LR à l'Elysée.
"De grâce, n'ayons pas tout de suite des obsessions présidentielles qui nous ont coûté cher!", a répliqué le Vendéen, qui s'est engagé à rester à Beauvau s'il l'emportait, assumant "être un ministre politique, pas un ministre techno".
- Philippe contre Wauquiez -
A sein du socle commun, on suit de près l'élection du président de LR, parti qui a frôlé la disparition lors du départ d'Eric Ciotti et qui a repris des couleurs après son entrée au gouvernement en septembre avec l'un des siens à Matignon, Michel Barnier, censuré trois mois plus tard par la gauche et le RN.
En meeting à Marseille samedi, Edouard Philippe a réservé ses attaques au député de Haute-Loire.
"Les Français ne sont pas dupes de ceux qui font du trumpisme aux petits pieds en rêvant de ressusciter le bagne du comte de Monte Cristo à Saint-Pierre-et-Miquelon", a ironisé Edouard Philippe, dans un tacle à Laurent Wauquiez, qui a proposé d'envoyer sur cette île les "étrangers dangereux" faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Laurent Wauquiez lui a répondu du Puy-en-Velay, où il s'est rendu à la permanence LR du département pour voter sur un ordinateur: "Ce qui me fait plaisir, c'est qu'il a bien compris que moi, je ne ferais pas du tout du en même temps".
Le patron des députés LR a fait feu de tout bois durant cette campagne avec des propositions très droitières.Erigeant en "modèle pour la droite" l'ultraconservatrice italienne Giorgia Meloni, il a plaidé pour un rassemblement de la droite allant du garde des Sceaux, l'ex-LR Gérald Darmanin, à l'eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo (à l'exclusion du RN et de ses alliés).