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Le procès de proches de l'ex-Premier ministre cambodgien Hun pour un attentat visant l'opposition s'est ouvert à Paris

Le procès de proches de l'ex-Premier ministre cambodgien Hun pour un attentat visant l'opposition s'est ouvert à Paris
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) - Le procès de deux hauts responsables de la garde rapprochée de l'ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen s'est ouvert mercredi à Paris, près de trente ans après une attaque à la grenade visant Sam Rainsy, une figure de l'opposition, à Phnom Penh en 1997.

Dans le box des accusés: personne.Sur le banc des avocats de la défense: personne.Et à côté du président de la cour d'assises, aucun juré populaire.

Seuls les bancs des parties civiles sont occupés, par Sam Rainsy et son épouse.

Il s'agit d'un procès par défaut, en l'absence des accusés Hing Bun Heang et Huy Piseth, 68 et 69 ans aujourd'hui, résidant au Cambodge.

Les deux hommes, visés par un mandat d'arrêt émis par la France en 2020, encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité de tentative d'assassinat.

Le 30 mars 1997, plusieurs grenades avaient explosé en plein rassemblement de l'opposition pour dénoncer la corruption du système judiciaire. 

L'attaque ciblait Sam Rainsy, ancien ministre des Finances et principal adversaire politique du Premier ministre de l'époque, Hun Sen.

Sam Rainsy, 76 ans aujourd'hui, avait été légèrement blessé par l'explosion tandis qu'au moins 16 personnes étaient tuées, dont son garde du corps, et 150 autres blessées en plein cœur de Phnom Penh.

"Dans quelques jours, cela va faire 28 ans, mais pour moi c'est comme si c'était hier", a déclaré à la barre Sam Rainsy, invité par le président à raconter sa version des faits. 

"Je revois les morts, les blessés, les flaques de sang.Cette scène continue de me hanter", a poursuivi le Cambodgien, naturalisé français en 1974.

En novembre 2000, exilé en France, cette figure de l'opposition avait déposé plainte à Paris et une information judiciaire avait été ouverte contre X en janvier 2001 du chef de tentative d'assassinat.

Vingt ans plus tard, au terme d'une instruction close puis rouverte, la juge d'instruction Sabine Khéris avait conclu que Hing Bun Heang avait recruté des hommes pour perpétrer l'attentat et que Huy Piseth avait facilité la fuite des lanceurs de grenades.

La magistrate s'est essentiellement appuyée sur les investigations menées par la police fédérale américaine (FBI), les Nations unies, la Commission des affaires étrangères du Sénat américain, ainsi que l'ONG Human Rights Watch.

- "Politicien dérangé" -

Devant la cour d'assises, Sam Rainsy a rappelé qu'au moment de la manifestation du 30 mars 1997, son parti d'opposition allait former une alliance qui menaçait l'autorité de Hun Sen, l'homme fort du pays.

"J'ai appris en France la culture du dialogue, j'ai donc essayé de trouver un terrain d'entente mais c'est un langage que Hun Sen ne comprend pas et il a continué au fil des ans à éliminer l'opposition", a regretté Sam Rainsy. 

Depuis le Cambodge, l'un des accusés a répondu la semaine dernière aux questions d'un journaliste de l'AFP, niant toute implication dans l'attentat. 

"Je suis pas du tout inquiet parce que je ne suis pas impliqué (...).Je l'ai expliqué beaucoup de fois.Ça n'a rien à voir avec moi", avait déclaré Hing Bun Heang, chef de l'unité des gardes du corps du Premier ministre au moment des faits.

"Venez me poursuivre au Cambodge", a-t-il lancé, qualifiant Sam Rainsy de "politicien dérangé".

Homme fort du Cambodge, Hun Sen est devenu Premier ministre en 1985, à seulement 32 ans, et n'a démissionné qu'en 2023 au profit de son fils, Hun Manet.

En presque 40 ans à la tête du pays, il n'a pas hésité à museler l'opposition pour se maintenir au pouvoir, bâillonnant la presse et condamnant ses adversaires à des peines de prison motivées par des considérations politiques, selon des défenseurs des droits humains.

"Il faut tout faire pour que tout ça ne se reproduise plus", a déclaré Sam Rainsy devant la cour d'assises, confronté aux photos sanglantes prises après l'attentat projetées par le président. 

Le verdict devrait être rendu le 21 mars.

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