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Le meurtrier du policier Masson condamné à 30 ans de réclusion criminelle

Le meurtrier du policier Masson condamné à 30 ans de réclusion criminelle
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Avignon (AFP) - Ilias Akoudad, qui avait finalement avoué en plein procès avoir tué le policier Eric Masson, sur un point de deal à Avignon, en 2021, a été condamné vendredi à 30 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de 20 ans.

La cour d'assises du Vaucluse a retenu la circonstance aggravante de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique, point qui avait occupé une grande partie des débats lors des deux semaines d'audience. 

Dans le box, le principal accusé, âgé de 22 ans,  est resté comme interdit à l'annonce de sa peine, se mordant les lèvres pour ne pas réagir. 

Dans la salle, remplie de policiers, cette peine sévère a, par contre, semblé être bien accueillie. 

Le père d'Eric Masson, ex-policier à la retraite, a ainsi fait part de sa satisfaction: "La justice est passée, la condamnation nous semble juste.Quoi qu'il en soit, je reste un père qui a perdu son fils.On reste avec notre tristesse, il n'y a pas de gagnant, juste des perdants".

"Justice a été rendue", a réagi de son côté Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, sur X (ex-Twitter): "Toucher à un policier, à un gendarme, c'est blesser la France".

Le verdict était très attendu du côté des forces de l'ordre, présentes en force pendant les quinze jours de procès pour entourer cette famille de gardiens de la paix, où la soeur et le frère d'Eric Masson sont toujours sous l'uniforme.Le patron de la police nationale, Frédéric Veaux, avait même fait le déplacement à Avignon au premier jour d'audience face à ce drame qui "reste un traumatisme pour la police". 

Cette peine est cependant inférieure à celle requise jeudi par l'avocate générale, Florence Galtier, qui avait demandé la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.Selon la agistrate, Eric Masson, 36 ans, père de deux fillettes, avait été "exécuté sans sommation, par un individu ivre de violence, fier du geste accompli". 

Les aveux partiels du jeune homme, en plein procès, avaient été "parfaitement orchestrés" et il était "absolument impossible" de prendre ces deux policiers pour des dealers concurrents, avait encore estimé Mme Galtier dans ses réquisitions.

La défense, représentée par Me Elise Arfi et Me Frank Berton, avait de son côté fait part de sa "trouille" face à une telle sanction, refusant que leur client soit "emmuré vivant".

"C'est une bonne décision de justice, ce n'est pas une peine d'élimination", a réagi vendredi après-midi Me Berton, le ténor du barreau lillois, après le verdict.

Pendant les audiences, l'accusation et la défense s'étaient livrées à une âpre bataille autour de la possible circonstance aggravante de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique.Ilias Akoudad savait-il qu'Eric Masson était policier ? A-t-il montré son brassard ou crié "police" ? La cour a donc considéré que oui.

- Le terrain, "j'y retournerai jamais" -

Le 5 mai 2021, vers 18h00, Eric Masson est sur une banale opération de surveillance d'un point de deal à Avignon.Avec Romain, un collègue, ils sont en civil lorsqu'ils croisent Ilias Akoudad, petit dealer récidiviste qui a décroché de l'école à 14 ans.

"Vous faites quoi les gars, vous charbonnez (vendez de la drogue)?", lance celui-ci aux deux policiers, qui viennent de contrôler une toxicomane. 

Lundi, après presque trois ans de dénégations, Ilias Akoudad avait finalement reconnu, face à un dossier accablant, avoir tiré sur Eric Masson.Mais, assurait-il fermement, il l'avait pris pour un dealer."Je suis un con, j'ai voulu faire mon beau".

Le procès n'aura toutefois pas permis de répondre à une question: pourquoi Ilias Akoudad a tiré sur Eric Masson ce jour-là ? A l'audience, le principal accusé a assuré que ce jour là il n'avait pas particulièrement consommé de drogue, qu'il avait tiré et qu'après c'était "la panique totale".

Ce drame a en tous cas fait éclater le groupe d'intervention d'Eric Masson, des policiers désormais brisés, comme Romain: "Je suis encore fonctionnaire de police, c'est ce qui remplit mon frigo.Je travaille dans un bureau, ce n'est pas du tout par passion.Dehors, j'y retournerai jamais, c'est impossible", a témoigné celui-ci. 

La soeur d'Eric Masson, Fanny, à la brigade des stupéfiants à l'époque, ne veut plus en entendre parler, même si elle reste fonctionnaire de police.Son frère Jean-Michel est resté lui dans un service d'investigations.

Sa veuve, Emilie, a dû elle quitter son emploi d'ingénieure et a relaté que désormais ses filles vont, pour la fête des pères, déposer leurs dessins sur une tombe.

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