Le conclave sur les retraites : un échec utile uniquement à François Bayrou

Réuni pour tenter de trouver un consensus sur la réforme des retraites, le conclave organisé par l’exécutif a finalement abouti à une impasse. Seul François Bayrou semble en avoir tiré un bénéfice politique notable.
Tl;dr
- Échec du conclave sur la réforme des retraites.
- Syndicats et patronat divisés sur l’usure professionnelle.
- Motion de censure déposée contre François Bayrou.
L’ombre d’un échec : le conclave des retraites s’effondre
Après plus de quatre mois d’âpres discussions, le tant attendu conclave des retraites s’est finalement soldé par un « échec » ce lundi 23 juin 2025 à Paris. Malgré une ultime tentative du Premier ministre François Bayrou, aucune entente n’a émergé entre les syndicats et le patronat concernant la contestée réforme de 2023, qui repousse progressivement l’âge légal de départ de 62 à 64 ans.
Le dialogue, censé apaiser les tensions autour de cette mesure impopulaire, n’aura donc pas permis de trouver le moindre terrain d’entente.
Dialogue social encadré, confiance brisée
Dès le lancement du conclave, la volonté affichée était claire : redonner toute sa place au dialogue social, abîmé ces dernières années sous la présidence d’Emmanuel Macron. Pourtant, selon le politologue Dominique Andolfatto, la méthode voulue par François Bayrou, très contrôlée par l’État, a déstabilisé les partenaires sociaux : « Voulue par Bayrou, cette méthode de dialogue social est un peu particulière. Elle était très encadrée et avec un contrôle assez étroit de l’État et du Premier ministre. »
Très vite, la situation s’est tendue : après une déclaration du chef du gouvernement écartant tout retour à l’âge légal de 62 ans en raison du « contexte international » lié à la guerre en Ukraine, certains syndicats comme FO et la CGT ont claqué la porte, dénonçant une « mascarade » et un « durcissement des positions ». Le principal point d’achoppement ? La reconnaissance de l’usure professionnelle, sujet sur lequel patronat et syndicats se sont irréductiblement opposés.
L’arrière-plan politique : temporiser pour survivre
Mais derrière ce processus officiel se jouait aussi une stratégie politique. Dès son arrivée à Matignon sans majorité solide à l’Assemblée nationale, François Bayrou avait besoin de temps. En promettant un possible aménagement de cette réforme décriée – gage donné aux forces sociales et politiques – il espérait désamorcer une éventuelle motion de censure portée par les députés socialistes et gagner quelques mois supplémentaires à la tête du gouvernement.
Parmi les faits marquants :
- Dès lundi soir, les syndicats ont réclamé au Premier ministre qu’il prenne ses « responsabilités », refusant toute nouvelle négociation.
- Boris Vallaud, au nom du PS, a annoncé le dépôt imminent d’une motion de censure. Les autres groupes de gauche (LFI, écologistes, communistes) ont appelé à présenter une motion commune.
Bascule politique incertaine pour François Bayrou
Alors que la fin précipitée des négociations marque un tournant pour François Bayrou, chef du gouvernement depuis six mois, son avenir reste suspendu au vote décisif à venir. Même si toutes les forces de gauche votent ensemble – ce qui représenterait 192 voix –, il leur manquerait toujours celles des députés du Rassemblement national pour atteindre les 289 nécessaires. L’histoire récente rappelle que tout reste possible : il y a quelques mois seulement, le gouvernement Barnier tombait après une alliance inattendue entre gauche et RN lors d’une précédente motion de censure.
À moins d’un revirement surprise dans l’hémicycle ou d’une improbable reprise du dialogue social, l’exécutif semble jouer ses ultimes cartes dans un contexte où chaque vote comptera.