L'armée français expérimente les robots pour le combat terrestre

Beynes (France) (AFP) - A pattes, à roues ou à chenilles, bardés d'antennes et de caméras, les robots doivent franchir les obstacles et déjouer des pièges: dans un camp de région parisienne, l'armée de Terre française expérimente les systèmes robotisés dont elle veut se doter d'ici 2040.
Pendant quelques semaines, elle organise son challenge CoHoMa, pour collaboration homme-machine, mettant en compétition dix équipes regroupant industriels, laboratoires de recherche et écoles d'ingénieurs avec une mission: démontrer la capacité de robots à aider à tenir une position face à l'ennemi.
Du drone d'observation à l'engin de déminage, les robots sont déjà "très utiles pour protéger nos unités, mais il faut désormais prouver qu'ils peuvent accroître leur efficacité au contact d'un adversaire", explique le général Tony Maffeis, directeur de la section technique de l'armée de Terre (Stat).
Toute la difficulté est que "le robot doit faciliter l'action de combat et non pas la contraindre".
Entre progresser sur un terrain accidenté et conserver la communication avec le robot malgré le brouillage, les écueils sont nombreux.
Une herbe un peu trop haute sera perçue comme un obstacle infranchissable, des nénuphars sur une mare comme un passage possible.
"La robotique, une fois qu'on enlève le GPS, ça devient très compliqué", opine Baptiste Lepelletier, de l'équipe regroupant les écoles Enac et Isae-Supaero et l'Onera, le centre français de recherche aérospatiale.
Ils disposent de deux drones dotés de six rotors, pour aller lire les QR codes apposés à de gros cubes rouges figurant les pièges ou actions à effectuer pour ce défi, et de trois petits drones roulants pour aller les désactiver.
- Premières capacités dans trois ans -
Cette compétition "nous permet de sortir du cadre du labo, de nous confronter à une mission réaliste", se félicite-t-il.
A côté, l'équipe emmenée par le géant Thales dispose d'un buggy robotisé ou encore d'un autre robot à roues plus longiligne pour pénétrer dans les sous-bois.Sur son capot, un petit drone peut décoller pour aller repérer un obstacle et indiquer le chemin à emprunter, avant de revenir se poser.
Les robots terrestres ne peuvent en effet se passer des drones volants.L'évolution de leur emploi a été "énorme" à la faveur de la guerre en Ukraine, observe le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill.
"La robotique terrestre est aussi en pleine explosion en Ukraine, mais c'est plus compliqué, moins mûr, donc il est important d'explorer ce qu'il va être possible d'en tirer comme application", estime-t-il.
L'armée de Terre s'y penche depuis 2021 avec son projet Vulcain et sa section robotique expérimentale, qui fait une démonstration d'assaut appuyé par une plateforme robotisée équipée d'une mitrailleuse de 12,7 mm.
Sans attendre l'objectif de 2040, certains acquis des deux éditions précédentes du challenge CoHoMa ont déjà été intégrés dans des équipements.
"On en a injectés dans le système de combat Scorpion", qui connecte entre eux les blindés de nouvelle génération, avance sans plus de précisions Marc Dehondt, responsable du département innovation des systèmes terrestres chez Thales.
Et "on a l'espoir d'ici trois ans d'avoir quelque chose d'assez abouti, des premières capacités" de robots terrestres pour équiper les forces, affirme le général Bruno Baratz, commandant du combat futur au sein de l'armée de Terre.
Mais avant le combat, les premières applications relèveront de la logistique.Avec des convois dronisés ou des robots-mules, qui pourront porter des charges à la place du combattant.