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La hausse des températures pourrait favoriser la prolifération de champignons dangereux

La hausse des températures pourrait favoriser la prolifération de champignons dangereux
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Des chercheurs alertent sur le risque croissant que le réchauffement climatique favorise la propagation de champignons dangereux, mettant potentiellement en péril la santé humaine et animale à mesure que les températures augmentent à l’échelle mondiale.

Tl;dr

  • Le réchauffement climatique favorise la propagation des champignons Aspergillus.
  • Risque accru pour la santé humaine, animale et agricole.
  • La vigilance et l’adaptation sont essentielles selon les chercheurs.

Une expansion fongique sous surveillance

L’univers post-apocalyptique de The Last of Us repose sur une menace aussi fictive qu’inquiétante : un champignon mutant transformant l’humanité en zombies. Si la réalité ne bascule pas dans la science-fiction, certains éléments du scénario trouvent néanmoins un écho troublant dans les récentes observations scientifiques. En cause : la progression accélérée de certains champignons pathogènes, à l’image des espèces d’Aspergillus, catalysée par le réchauffement climatique.

L’impact du climat sur les espèces fongiques

Selon une étude menée par des chercheurs britanniques, encore en attente d’évaluation par les pairs mais déjà consultable sur la plateforme Research Square, trois variétés majeures — Aspergillus fumigatus, A. flavus et A. niger — voient leurs zones de répartition évoluer sensiblement d’ici à 2100. Les projections climatiques suggèrent un déplacement vers le nord de ces champignons qui, loin de provoquer des transformations spectaculaires, sont pourtant responsables de graves problèmes sanitaires : infections parfois mortelles chez l’humain, dévastation de cultures et atteintes aux animaux.

Les scientifiques estiment notamment que, sous un scénario climatique extrême, la propagation d’A. fumigatus pourrait s’accroître de 77,5 % en Europe dans les quinze prochaines années, exposant ainsi neuf millions de personnes supplémentaires à ce risque infectieux. Pour A. flavus, adepte des milieux chauds, l’expansion pourrait toucher un million d’individus supplémentaires. Cependant, certaines régions deviendraient paradoxalement moins hospitalières à mesure qu’elles se réchauffent davantage.

Santé publique et sécurité alimentaire : des défis à anticiper

Outre les conséquences directes sur la santé humaine — particulièrement pour les personnes immunodéprimées mais aussi, potentiellement, pour des individus jusque-là sains — cette prolifération pose des questions lourdes sur la sécurité alimentaire mondiale. Les auteurs attirent l’attention sur le fait que :

  • Les épidémies fongiques menacent les récoltes, accentuant la pression alimentaire dans un contexte climatique tendu.

Ils rappellent également que l’exemple du champignon Candida auris, émergent et préoccupant pour la santé mondiale, illustre ce phénomène plus large : d’autres agents pathogènes pourraient suivre cette trajectoire au fil du réchauffement global.

Nécessité d’une vigilance accrue

Certes, il existe une nuance : malgré l’extension géographique de ces espèces vers certaines zones tempérées aujourd’hui protégées par le froid, leur recul dans des régions devenues trop chaudes pourrait conduire globalement à une légère baisse du nombre total de personnes exposées d’ici à 2100. Mais c’est bel et bien le bouleversement des équilibres régionaux qui inquiète les spécialistes ; nouveaux territoires touchés et populations non préparées pourraient voir croître leur vulnérabilité.

Il ne faut pas oublier que ces organismes jouent aussi un rôle écologique crucial dans le recyclage du carbone ou des nutriments. Pour autant, comme le souligne le mycologue environnemental Norman van Rhijn (University of Manchester) : « Sensibiliser et développer des réponses efficaces contre ces pathogènes fongiques sera indispensable pour limiter les conséquences à venir. »

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