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Grève dans l'audiovisuel public, rapprochement des sociétés au menu des députés

Grève dans l'audiovisuel public, rapprochement des sociétés au menu des députés
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) - Radio France et France Télévisions en tête, les personnels de l'audiovisuel public sont appelés à nouveau à la grève mardi contre le projet de rapprochement de leurs entreprises, sur lequel les députés vont ferrailler en commission dans la soirée.

Les syndicats de France Télévisions (CGT, CFDT, SNJ, FO, SUD) dénoncent "un carnage que prépare le projet de holding de l'audiovisuel public", soutenu par la ministre de la Culture, Rachida Dati.

Chez Radio France, les syndicats (CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD, Unsa) redoutent notamment une remise en cause de "l'indépendance éditoriale et budgétaire", ainsi qu'une "tutelle de France Télévisions", dont la présidente Delphine Ernotte Cunci milite pour la réforme.

Des préavis ont également été déposés dans les deux autres entreprises publiques potentiellement concernées, France Médias Monde (RFI, France 24) et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel).

Une première journée de mobilisation lundi a été relativement peu suivie - à l'appel de la seule CGT pour Radio France et de l'intersyndicale pour France Télé. 

Mais le mouvement pourrait prendre de la vigueur mardi, alors que le projet passe en commission des Affaires culturelles à l'Assemblée nationale.

Ses opposants prévoient un rassemblement près du Palais Bourbon à partir de 14H00.

Un millier d'amendements ont été déposés sur le texte d'appui de la réforme, une proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (Union centriste). Les députés vont-ils avoir le temps d'en venir à bout d'ici mercredi midi, échéance fixée ? 

L'arrivée de la réforme dans l'hémicycle de l'Assemblée est programmée le 10 avril mais elle pourrait être décalée en raison de l'examen préalable d'un autre texte, celui sur la simplification de la vie économique.

- Calendrier serré -

La proposition de loi, déjà validée en première lecture au Sénat en 2023, prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait les entreprises concernées, sous l'autorité d'un ou d'une présidente.

Contrairement aux plans initiaux, France Médias Monde, branche internationale de l'audiovisuel public français, pourrait être exclue de cette holding.C'est ce que préconise finalement le gouvernement, dans une évaluation de la réforme consultée par l'AFP.

Ce document évoque aussi la création de nouvelles filiales par la société mère France Médias: franceinfo pour des coopérations plus poussées entre radio et télé et Ici pour réunir les réseaux régionaux.

Vieux serpent de mer, le projet d'origine prévoyait une fusion des sociétés, dans une sorte de BBC à la française, mais il avait été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale mi-2024. Les salariés s'étaient alors déjà mobilisés.

Début mars, Mme Dati a confié à Laurence Bloch, ex-directrice des antennes de Radio France, une "mission d'accompagnement" sur la réforme, dont les conclusions sont attendues dans les prochaines semaines.

La holding proposée "préserve l'indépendance, les identités de chaque entité et leurs spécificités", et "tient compte des nombreuses consultations des syndicats et des collectifs de journalistes", a assuré la ministre de la Culture dimanche au Parisien.

Mais, "dans un contexte très concurrentiel", il est "urgent de préserver l'audiovisuel public en rassemblant ses forces aujourd'hui dispersées et éviter son affaiblissement déjà en cours", plaide-t-elle, en affirmant qu'il n'est pas question d'économies.

La ministre espère une adoption définitive de la réforme à l'été.

Le calendrier est cependant serré et réunir une majorité des voix des députés n'est pas acquis.Si les macronistes et la droite soutiennent le projet de holding, la gauche est vent debout et le Rassemblement national peut se poser en arbitre.

En outre, Rachida Dati a évoqué un parfum de bataille des municipales derrière ce texte.La candidate à la mairie de Paris pour 2026 a ainsi pointé une "volonté d'obstruction" du député PS Emmanuel Grégoire, également prétendant au fauteuil de maire de la capitale.Il a déposé plus de 500 amendements en commission.

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