Evasion de Mohamed Amra: une enquête "hors normes" pour arrêter 28 suspects, dont le narcotrafiquant

Paris (AFP) - Une enquête aux "dimensions tentaculaires, hors normes" a permis d'interpeller à ce stade 28 suspects, dont Mohamed Amra, dans l'enquête sur l'évasion de ce narcotrafiquant qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires le 14 mai 2024 au péage d'Incarville (Eure).
Huit de ces suspects ont été interpellés lundi.Certains ont déjà été mis en examen vendredi, tandis que d'autres doivent encore être présentés aux trois juges d’instruction en vue de leur mise en examen.
Ils comparaîtront ensuite devant un juge des libertés et de la détention qui statuera sur leur placement en détention provisoire.
Parmi les suspects "figurent notamment les acteurs principaux" de l"'étape de la cavale" de Mohamed Amra dans un appartement loué à Compiègne (Oise) à partir de mai 2024 que le narcotrafiquant a quitté en octobre, a précisé la procureure de Paris Laure Beccuau lors d'une conférence de presse au tribunal en compagnie du patron de la police judiciaire, Christian Sainte.
Jusqu'à présent, vingt personnes, dont Mohamed Amra, ont été mises en examen dans cette information judiciaire "aux dimensions tentaculaires, hors normes", a-t-elle souligné.
"Les chefs de mise en examen sont divers" dont meurtres, tentatives de meurtre, évasion, le tout en bande organisée, et association de malfaiteurs, et font encourir la réclusion criminelle à perpétuité "pour les plus élevés d'entre eux", a détaillé la procureure.
Mme Beccuau a prévenu avoir "la détermination de considérer que feront partie de ce commando mortel, et en tout cas en porteront la responsabilité, tous ceux qui auront participé à cette action, tous ceux sans lesquels l'action n'aurait pu aboutir à ses conséquences tragiques".
"L'essentiel" d'entre eux "ont pu être interpellés et ont été mis en examen", a-t-elle précisé.
A ce stade, les enquêteurs comptent sept membres du commando : Amra, deux guetteurs, dont l'un a aussi conduit un véhicule, deux autres conducteurs de véhicules et deux autres passagers.
- Amra "pas surpris" -
Des "moyens d'enquêtes extraordinaires" ont été engagés pour les identifier, eux, et les personnes ayant aidé Mohamed Amra dans sa cavale.
"800 techniques spéciales d'enquête ont été autorisées dans ce dossier", avec "440 interceptions téléphoniques et géolocalisations, de véhicules, de captations de données, d'images", a énuméré la procureure.
Mohamed Amra, aujourd'hui âgé de 30 ans, s'était évadé le 14 mai 2024 alors qu'il avait été extrait de sa cellule en Normandie pour être interrogé par un juge d'instruction à Rouen.
Un commando en avait alors profité pour attaquer, à la voiture-bélier et aux fusils d'assaut, le fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure) pour le libérer, tuant deux agents pénitentiaires, Arnaud Garcia et Fabrice Moello, et en blessant trois autres.
"Dès son arrivée à la maison d'arrêt d'Evreux, Amra a eu l'intention de s'évader", a affirmé la procureure.Il n'a "pas été surpris" par l'attaque du fourgon.
"Les auditions glaçantes des agents pénitentiaires" ont démontré qu'"il s'y attendait au contraire", qu'il connaissait l'équipe "qui ne l'a jamais menacé" et qu'il avait eu une "participation active pour s'extraire du fourgon", a insisté la procureure.
Après neuf mois de cavale, Mohamed Amra a été arrêté en Roumanie le 22 février, remis à la France le 25 et mis en examen.Il a été incarcéré dans la prison très sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne).
Deux hommes ont été arrêtés au Maroc dans le cadre de cette information judiciaire menée par la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisée (Junalco).Ils "sont en attente d'extradition", a annoncé Mme Beccuau.