Européennes: avec Ruffin, l'Insoumise Manon Aubry au chevet de Metex à Amiens

Amiens (AFP) - Après un début de campagne très axé sur la situation à Gaza, La France insoumise se concentre lundi sur la question sociale: en compagnie de François Ruffin, la tête de liste Manon Aubry s'est rendue dans l'après-midi à l'usine Metex d'Amiens, ville où elle doit tenir dans la soirée un meeting avec le député de la Somme.
Entourés de responsables syndicaux, les deux élus LFI ont pris la parole sur le parking de l'usine du biochimiste Metex dans la zone industrielle d'Amiens, dans la circonscription du député de la Somme.
Cette usine, la seule en Europe à produire de la lysine, un acide aminé essentiel pour la croissance musculaire des animaux d'élevage, est confrontée depuis plusieurs mois à un environnement économique difficile, ses coûts de production ayant bondi en raison de l'envol des prix des matières premières.
Elle doit notamment faire face à la concurrence des producteurs chinois de lysine, que Metex, en redressement judiciaire et en quête d'un repreneur, qualifie de "dumping".
"Il faut assumer le protectionnisme, une taxe au frontières.Ce n'est pas un gros mot +taxe aux frontières+!", a lancé Manon Aubry devant plus d'une centaine de salariés et de syndicalistes, en précisant son projet: "une taxe en fonction de la distance et de la pollution".
De quoi réduire, selon elle, les importations de lysine chinoise.
La co-présidente du groupe de la gauche au Parlement européen a également rappelé d'autres points de son programme, comme la sortie du marché de l'énergie ou le rejet des accords de libre-échange.
- "Changer les choses"-
"Si tous les salariés de toutes les boîtes (en difficulté, ndlr) vont voter, alors là on pourra changer les choses", a encore estimé Manon Aubry.
A ses côtés, François Ruffin, lui-même originaire d'Amiens, s'en est pris aux "dirigeants de l'Union européenne" qui ont "ouvert la cage aux fauves".
"Ils ont voulu ça, ils ont voulu laisser aux industriels, aux PDG, aux actionnaires, la possibilité de choisir partout en Europe et même partout dans le monde les plus bas coûts environnementaux, les plus bas coûts fiscaux et les plus bas coûts sociaux", a-t-il dénoncé.
Aux côtés de l'eurodéputée sortante Marina Mesure et l'inspecteur du travail et syndicaliste CGT Anthony Smith, respectivement troisième et quatrième sur la liste LFI, François Ruffin et Manon Aubry partageront la scène dans la soirée devant plusieurs centaines de personnes.
Ce meeting, dans une des régions de France qui a le plus massivement voté "non" au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen et qui reste marquée par la délocalisation des usines Goodyear ou Whirlpool, sera la première intervention majeure dans la campagne de François Ruffin, très attaché aux thématiques de la réindustrialisation ou du pouvoir d'achat.
- "Le quotidien des gens" -
Jusqu'ici, c'est la guerre à Gaza, qualifiée de "génocide" par le mouvement de gauche radicale, qui a été au centre des discours - et des tweets - insoumis.
"Évidemment qu'il faut un cessez-le-feu à Gaza, évidemment qu'il faut faire preuve de solidarité avec les Ukrainiens agressés, mais ce qui fait le quotidien des gens c'est de savoir comment ils vont pouvoir manger, comment ils vont pouvoir se déplacer", a estimé de député de la Somme devant la presse.
Difficilement audible derrière les polémiques de Jean-Luc Mélenchon, l'émergence de la militante Rima Hassan ou encore les convocations pour "apologie du terrorisme" de cette même Rima Hassan et de Mathilde Panot, Manon Aubry a appelé à ne pas "opposer les sujets".
"Jean-Luc Mélenchon a laissé la place à plein de monde et c'est tant mieux", a dit aux journalistes celle qui s'est fait connaitre en développant notamment les sujets de justice fiscale.
Mardi, c'est la tête de liste des socialistes Raphaël Glucksmann qui doit se rendre à l'usine Metex, avant de donner un meeting à Camon, dans la banlieue d'Amiens.
"Ce n'est pas la première fois que je vais à Amiens, tant mieux si Raphaël Glucksmann découvre la belle région de Picardie", ironisait la semaine dernière Manon Aubry, distancée dans les sondages par l'essayiste qui entend ravir la deuxième place dans cette élection à la candidate macroniste Valérie Hayer.Loin derrière le Rassemblement national (RN).
Selon les derniers sondages, la liste insoumise tourne autour de 8% dans les intentions de vote.