Drame dans l’Aisne : comprendre comment la bactérie E.coli peut être mortelle

Une fillette a perdu la vie et dix-sept enfants ont été hospitalisés après une intoxication liée à la bactérie E.coli. Ce drame met en lumière les risques graves que peut présenter cette bactérie, notamment chez les plus jeunes.
Tl;dr
- Une souche d’E.coli provoque des intoxications graves.
- Transmission : viande, lait cru, fruits et légumes contaminés.
- Complications rares mais sévères, surtout chez l’enfant.
Une bactérie discrète mais redoutable
Le nom Escherichia coli, ou E.coli, ne laisse pas toujours présager du danger qu’elle peut représenter. Cette bactérie, pourtant omniprésente dans notre environnement et notre système digestif, revient aujourd’hui sous le feu des projecteurs après une vague d’intoxications alimentaires dans l’Aisne.
À la différence de la salmonellose ou de la listériose, elle suscite généralement moins d’inquiétude, bien que certaines souches puissent s’avérer particulièrement virulentes.
Des intoxications aux conséquences parfois dramatiques
Ce qui interpelle les spécialistes, c’est avant tout la diversité des souches d’E.coli. Beaucoup participent au bon équilibre intestinal ; d’autres peuvent devenir redoutables. Certaines variétés, dites « productrices de shigatoxines », provoquent ainsi des troubles digestifs trois à quatre jours après ingestion. Maux de ventre et diarrhées constituent les symptômes les plus fréquents. Pour l’immense majorité, la maladie régresse en une dizaine de jours sans séquelles. Cependant, des complications très sérieuses peuvent surgir – en particulier chez les enfants et les personnes âgées.
Le risque principal reste le développement d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Cette pathologie rare conduit souvent à une insuffisance rénale aiguë et à des problèmes sanguins sévères pouvant déboucher sur un coma ou un décès. Récemment, dans l’Aisne, une fillette de 12 ans a succombé à cette complication alors que huit autres jeunes patients étaient encore hospitalisés.
Modes de transmission et prévention
D’après l’Organisation mondiale de la santé, la forme pathogène d’E.coli se transmet principalement via :
- la consommation de viande hachée crue ou insuffisamment cuite ;
- le lait cru ;
- certains fruits et légumes frais (germes, épinards, laitues…).
La cuisson constitue une parade efficace : dépasser les 70°C élimine la bactérie. Dans le cas récent de l’Aisne, si la source exacte n’est pas encore confirmée, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, penche pour une contamination alimentaire liée à la viande. À titre préventif, plusieurs boucheries et rayons frais ont été fermés à Saint-Quentin.
Situation épidémiologique : entre vigilance et relativité
Les alertes sanitaires autour d’E.coli sont fréquentes en France. Néanmoins, le nombre annuel d’enfants victimes du SHU oscille entre 100 et 165 selon Santé publique France. Ces chiffres restent modestes comparés aux ravages causés par la salmonellose – plusieurs centaines de morts chaque année. À l’échelle européenne, le souvenir marquant demeure celui de l’épidémie de 2011 qui avait fait près de cinquante victimes majoritairement en Allemagne et en Suède.
Face à ces risques certes rares mais graves, les traitements efficaces restent à trouver : deux anticorps de synthèse (éculizumab et ravulizumab) semblent prometteurs mais ne constituent pas encore un rempart universel contre cette menace insidieuse.