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Démissions records chez les maires : où abandonnent-ils le plus souvent leur mandat ?

Démissions records chez les maires : où abandonnent-ils le plus souvent leur mandat ?
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Le nombre de démissions de maires atteint un niveau inédit en France. Certaines communes sont particulièrement touchées par ce phénomène, qui révèle les difficultés croissantes rencontrées par les élus locaux à exercer leur mandat au quotidien.

Tl;dr

  • Record de démissions de maires depuis 2020.
  • Conflits internes, principale cause des départs.
  • Les communes petites et moyennes particulièrement touchées.

Une vague inédite de démissions secoue les mairies françaises

Jamais, au cours d’un mandat municipal, autant de maires n’avaient choisi de quitter leur fonction. Depuis les élections municipales de 2020, plus de 3 000 changements de maires ont été enregistrés en France, dont 2189 démissions volontaires.

C’est ce que révèle l’enquête publiée le 19 juin 2025 par le politologue Martial Foucault, professeur à Sciences Po et chercheur au Cevipof. Pour donner la mesure du phénomène, le nombre de départs est désormais quatre fois supérieur à celui observé entre 2008 et 2014.

Des tensions internes au cœur du problème

La grande majorité des démissions trouve son origine dans des difficultés relationnelles. D’après l’étude menée par Martial Foucault, ce ne sont ni les agressions – pourtant souvent mises en avant dans les médias – ni la surcharge administrative qui expliquent principalement cette tendance, mais bien les « différends, disputes, conflits ou autres désaccords au sein du conseil municipal ». Le constat est sans appel : dans plus d’un tiers des cas (31 %), ces tensions politiques sont responsables du décrochage.

Il n’est pas rare que ces frictions mènent à des vagues de démissions parmi les conseillers municipaux eux-mêmes. Lorsqu’un tiers ou plus du conseil se retire, la loi impose l’organisation d’élections anticipées sous trois mois. Ces recompositions fragilisent encore davantage le maire, qui peut se retrouver en minorité ou préférer rejoindre l’opposition.

Parmi les autres motifs évoqués :

  • Passations de pouvoir anticipées
  • Problèmes de santé
  • Cumul des mandats et fatigue
  • Sujets personnels ou professionnels

L’impact sur le tissu local : qui sont les plus touchés ?

Certaines communes paient un tribut plus lourd que d’autres. Les villages comptant moins de 500 habitants totalisent logiquement le plus grand nombre de départs (42 %). Cependant, une attention particulière doit être portée aux villes comprises entre 1 000 et 3 500 habitants : là, la vague n’a pas d’équivalent dans l’histoire récente. Plus surprenant encore : si l’on rapporte les chiffres au nombre total de communes par strate démographique, ce sont les agglomérations dépassant les 10 000 habitants qui s’avèrent proportionnellement les plus exposées.

Quant au profil des élus concernés, l’étude relève que plus de la moitié (53 %) étaient nouvellement élus en 2020. Le phénomène touche hommes et femmes indistinctement mais vise surtout « les retraités âgés de 65 à 74 ans, les professions intellectuelles et les cadres supérieurs ». Certaines régions comme l’Isère, la Haute-Garonne, la Charente, l’Essonne, le Nord ou encore le Tarn-et-Garonne, semblent davantage concernées sans qu’une cause unique ne soit identifiée.

L’après-crise sanitaire en toile de fond : une fonction mal préparée ?

Pour expliquer cette situation inédite, Martial Foucault souligne une rupture dans la dynamique collective. Selon lui, il ne s’agit pas tant d’une « crise des vocations » que d’une « vraie crise de préparation à la fonction ». La pandémie a bouleversé l’installation des nouvelles équipes municipales en empêchant réunions et échanges essentiels à la cohésion. Un défaut d’accompagnement qui rendrait le poste périlleux pour bien des nouveaux élus confrontés à une contestation croissante : beaucoup se voient reprocher une gestion jugée trop solitaire ou autoritaire par leurs pairs. Une usure prématurée du pouvoir local dont personne n’avait vraiment anticipé l’ampleur.

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