Commission d’enquête sur Bétharram : révélations sur des faits « monstrueux »

La commission d’enquête sur les abus au sein de la congrégation de Bétharram vient de rendre ses conclusions, pointant notamment la responsabilité de François Bayrou et dénonçant des faits d’une gravité exceptionnelle qualifiés de "monstruosités".
Tl;dr
- Commission révèle violences scolaires « occultées » et défaillance d’État.
- François Bayrou critiqué pour inaction à Bétharram.
- 50 mesures proposées, dont contrôles renforcés et indemnisation.
Une réalité dissimulée, un système remis en cause
La lumière se fait enfin sur une part sombre de l’Éducation nationale. Les travaux de la commission parlementaire, déclenchés après le scandale de Notre-Dame-de-Bétharram, ont mis au jour une série de violences « largement occultées ». Pendant trois mois, près de 140 personnes ont été entendues, permettant aux députés de dresser un tableau alarmant.
Selon le rapporteur Paul Vannier, certains récits évoquent des « actes de torture », des enfants privés de nourriture ou soumis à des jeux cruels, infligeant des séquelles à long terme. Ces témoignages mettent en exergue un véritable « déchaînement de violences » dans certains établissements où l’excellence affichée servait trop souvent à masquer l’inacceptable.
Bétharram : responsabilité pointée et réactions vives
L’affaire a relancé la polémique autour du rôle joué par les responsables politiques. La commission n’a pas hésité à épingler le Premier ministre, François Bayrou, alors ministre de l’Éducation lors des premières révélations concernant Bétharram. Les députés dénoncent chez lui un « défaut d’action » qui aurait permis aux faits d perdurer, malgré son niveau d’information et ses moyens d’agir. L’entourage du chef du gouvernement a opposé un démenti ferme, tout en saluant la décision de ne pas engager de poursuites judiciaires.
Au-delà des responsabilités individuelles, la présidente Fatiha Keloua Hachi pointe du doigt les attaques publiques menées contre l’une des rares lanceuses d’alerte, Françoise Gullung. Selon elle, accuser cette ancienne professeure « d’affabuler » revient à occulter le courage nécessaire pour briser l’omerta dans ces milieux fermés.
Des carences structurelles et des recommandations fermes
Face à cette situation qu’elle qualifie elle-même de « monstruosités », la commission propose un arsenal conséquent : cinquante mesures sont avancées pour lutter contre les failles institutionnelles et protéger les élèves. Parmi elles :
- Reconnaître la responsabilité de l’État dans les défaillances passées.
- Mise en place d’un fonds d’indemnisation pour les victimes.
- Renforcement des contrôles annuels, notamment dans les internats du primaire ; inspections tous les trois ans au secondaire ; audit complet tous les cinq ans dans le privé.
Les rapporteurs insistent également sur la nécessité de rendre imprescriptibles certaines infractions envers les mineurs – une demande récurrente des victimes –, et sur le contrôle rigoureux du personnel. Autre point sensible : lever systématiquement le secret confessionnel si des violences sur mineurs sont révélées.
L’État face à ses responsabilités
Si ce rapport n’est qu’une étape, selon Violette Spillebout, il acte l’urgence d’agir face à un système jusqu’ici trop perméable aux dérives. La création d’une mission parlementaire transpartisane est déjà envisagée pour approfondir ce chantier complexe. À travers ces propositions se dessine une volonté politique : ne plus jamais laisser ces violences dans l’ombre ni tolérer une quelconque forme de silence institutionnel.
À lire aussi sur 24matins: