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Charente-Maritime: des pesticides relevés dans l'air de La Rochelle

Charente-Maritime: des pesticides relevés dans l'air de La Rochelle
Publié le 28 juil. 2024 à 07:38, mis à jour le 28 juil. 2024 à 07:39

La Rochelle (AFP) - Des pesticides ont été retrouvés dans l'air du centre de La Rochelle, à quelques encablures de vastes plaines céréalières, des résultats qui inquiètent des élus locaux, même s'il n'existe pas de réglementation en la matière et donc de seuil de vigilance.

La pollution aux pesticides est un sujet brûlant depuis le lancement en 2018 d'une alerte sanitaire par le centre hospitalier de Poitiers pour signaler le nombre élevé de patients - une cinquantaine d'adultes et plusieurs enfants - atteints d'hémopathies et cancers à Saint-Rogatien, bourg de 2.200 habitants proche de La Rochelle. 

L'année suivante, l'observatoire de la qualité de l'air en Nouvelle-Aquitaine (Atmo) a effectué de premiers prélèvements d'air dans la plaine d'Aunis, à la demande de l'agglomération rochelaise.

La nouvelle étude réalisée du 9 octobre au 26 décembre 2023 est la première comprenant des prélèvements en zone urbaine. 

Ses résultats publiés début juillet montrent que la concentration hebdomadaire moyenne de pesticides dans l'air a pu atteindre "3,9 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) d'air pour les herbicides" place de Verdun, au coeur de la ville, à 1,9 km de la première parcelle agricole. 

Ces taux sont environ trois fois plus élevés à Montroy (13,2 ng/m3) et Saint-Christophe (11,8 ng/m3), les deux autres sites de prélèvement situés en milieu rural, respectivement à 15 et 20 km à l'est de La Rochelle.

- Produits "très volatiles" -

Cette différence de niveau suggère "un transfert des molécules par l'air depuis les surfaces agricoles vers cette zone urbaine", selon l'étude.

"Ca prouve scientifiquement que ces produits sont très volatiles et qu'on les retrouve loin de la zone où ils sont épandus", estime Marc Maigné, médecin et élu référent en matière de politique de santé environnementale pour l'agglomération de La Rochelle. 

Onze molécules ont été retrouvées parmi les 109 recherchées: un fongicide, sept herbicides et trois insecticides.

Quatre sont interdites d'utilisation agricole, dont le lindane, un insecticide prohibé depuis 1998 mais utilisé "dans le traitement du bois de charpente jusqu'en 2006" et qui est persistant dans les sols au point d'être "quantifié sur la quasi-totalité des prélèvements", selon Atmo Nouvelle-Aquitaine. 

Les principales molécules retrouvées sont le prosulfocarbe, surtout utilisé à l'automne comme herbicide sur les céréales d’hiver, et la pendiméthaline, herbicide à large spectre d'action épandu aussi bien sur des céréales, que sur du colza, du maïs, des vignes ou des vergers.

"A l'automne 2021 nous avons mesuré une concentration record au niveau national du prosulfocarbe avec un taux, en valeur maximale de concentration, de 265 ng/m3 sur une semaine" à Montroy, rappelle Florie Francony, ingénieure d'études en charge de la qualité de l'air à Atmo Nouvelle Aquitaine.

- Tendance à la baisse -

Mais "la présence de pesticides présents dans l'air n'est pas réglementée, souligne-t-elle.Il n'y a donc pas de seuil", comme c'est le cas pour la présence de pesticides dans l'eau. 

"On ne peut donc pas dire si c'est beaucoup ou pas.On peut seulement comparer avec d'autres sites", comme celui proche d'Angoulême, dans une zone de "grande culture et viticulture", où "nous avons relevé des taux moindres qu'à Montroy, qui a une plus grande concentration de cultures céréalières", précise-t-elle.

Toutefois à Montroy, "les concentrations en prosulfocarbe ont nettement diminué depuis le début des mesures sur ce site en 2019", en particulier l'an dernier, "notamment du fait de conditions météorologiques peu propices à l'utilisation de pesticides" avec un automne très pluvieux, souligne l'observatoire.

M. Maigné ne veut pas se "satisfaire" de cette diminution."Ça reste inquiétant.C'est une pollution qui se rajoute aux autres pollutions, trafic automobile, particules fines, etc.", souligne l'élu.

Même s'il ne dresse aucun parallèle avec le taux local anormalement élevé de cancers pédiatriques, parce qu'il soupçonne un effet cocktail, il estime qu'il "faut qu'on augmente la fréquence de ces études et qu'on fasse remonter ces chiffres au niveau national".

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