Canicule : entre fermeture de centrale et pic de demande, le réseau électrique sous pression

Alors que la canicule s’intensifie en France, la demande d’électricité grimpe fortement. Dans le même temps, la fermeture temporaire d’une centrale nucléaire complique l’approvisionnement, mettant sous tension le réseau électrique national déjà fragilisé.

Une hausse notable de la consommation électrique en France

L’Hexagone suffoque sous une nouvelle vague de canicule, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : ce lundi 30 juin 2025, la consommation d’électricité a connu une envolée spectaculaire, bondissant de 13 % par rapport à l’an dernier à la même date. À 13 heures, le compteur affichait déjà 57 gigawatts (GW), soit six de plus qu’en 2024.

Certes, cette demande reste en retrait face aux pics hivernaux – où le chauffage tire la courbe vers le haut – mais elle impressionne par sa rapidité.

Des causes multiples : pas seulement la climatisation

Ce regain soudain n’est pas uniquement imputable aux climatiseurs et autres ventilateurs qui tournent à plein régime. Les experts de RTE, le gestionnaire du réseau haute tension, rappellent que l’influence directe de la climatisation représente entre 0,7 et 1,1 GW supplémentaires par degré grimpant sur le thermomètre national. Mais il faut regarder au-delà : l’essor continu des data centers, tout comme les besoins accrus dans l’industrie, participent également à tirer la demande vers le haut.

En juillet 2019 déjà, un record avait été observé avec une pointe estivale atteignant les 59,1 GW à cause d’une canicule tout aussi exceptionnelle.

Production sous tension et réacteur arrêté

Cependant, cette flambée de consommation coïncide avec certaines difficultés du côté de la production. Face à l’échauffement persistant du fleuve Garonne — dont la température devait franchir les 28°C ce lundi — EDF s’est vu contraint d’arrêter temporairement le réacteur numéro 1 de sa centrale nucléaire de Golfech.

Ce type d’arrêt intervient pour préserver l’équilibre écologique du fleuve lorsque l’eau nécessaire au refroidissement des installations ressort déjà trop chaude (environ +0,2°C).

L’explosion des demandes pour la climatisation

Côté particuliers et entreprises, les effets sont tangibles : selon Engie Home Services, spécialisé dans les équipements énergétiques, la demande explose littéralement. En juin 2025, pas moins de 8 374 demandes de devis pour des installations de climatisation ont été enregistrées, contre seulement 2 931 sur toute la même période en 2024.

Parmi les conséquences concrètes signalées par certains professionnels interrogés en région montpelliéraine :

• Pics inédits d’activité chez les installateurs.
• Difficultés à répondre à toutes les sollicitations.

Les données définitives sur les installations ne seront connues qu’à l’issue de l’été mais une chose est sûre : la chaleur redessine chaque année un peu plus nos usages énergétiques et pousse les infrastructures jusqu’à leurs limites.