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Au procès Kardashian, un pantalon blanc et des "pieds nickelés" du braquage

Au procès Kardashian, un pantalon blanc et des "pieds nickelés" du braquage
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Paris (AFP) - Kim Kardashian est repartie, restent ses braqueurs.Jusqu'à la fin de la semaine, c'est à leur tour de s'expliquer devant la cour d'assises de Paris sur cette nuit de la Fashion week 2016, pendant laquelle ils sont accusés d'avoir dérobé 9 millions d'euros de bijoux à la superstar américaine.

L'effervescence de la veille est retombée et le palais de justice vidé de ses caméras.A la barre, s'avance Marc-Alexandre Boyer, 35 ans, seul jeunot de ceux que la presse a surnommés les "papys braqueurs".Silhouette imposante, regard peu expressif, ce chauffeur-livreur passé par la prison pour trafic de stupéfiants voue une admiration totale à son bandit de père - sur le banc des accusés pour un délit annexe.C'est par les connexions de ce dernier que Marc-Alexandre Boyer a selon l'accusation rejoint la bande. 

Le président fait diffuser les images de la vidéosurveillance de la nuit du braquage.Avec un ralenti sur un homme dont on ne distingue pas le visage, vêtu de blanc de la tête au pied.

"C'est vous ou c'est pas vous ?", demande le président David de Pas."Pas du tout monsieur", répond l'accusé dans un filet de voix.

Le magistrat poursuit.Montre cette fois à l'écran une photo d'un pantalon blanc appartenant à Marc-Alexandre Boyer retrouvé en perquisition.Un détail saute aux yeux: le logo rouge brodé sur la poche arrière.Le président ne dit rien.

Puis il remet une photo de la vidéosurveillance.Cette fois, gros plan sur la poche arrière du pantalon: des enquêteurs ont encerclé une tache sombre, positionnée exactement au même endroit que le logo rouge du pantalon de l'accusé, et qui y ressemble très fortement.

Silence dans la salle, que l'avocat de Marc-Alexandre Boyer finit par briser: "C'est peut-être un chewing-gum ?", tente-t-il.

"C'est possible", convient le président avant de demander à l'accusé s'il voit lui une ressemblance entre les pantalons."Ils sont blancs les deux". 

Le reste de son interrogatoire n'arrange rien.L'accusé ne comprend pas la moitié des questions, justifie mal pourquoi il a coupé son téléphone au moment du braquage.Ne voit vraiment pas qui pourrait être derrière cette ligne prépayée qui a appelé sa soeur, pour la première fois et à 23 reprises, quelques heures après les faits. 

En suivant la trace de ce téléphone, les enquêteurs ont découvert que son propriétaire avait pris le train très tôt de Paris pour rejoindre le sud - où Marc-Alexandre Boyer habite.

- Bonjour aux policiers -

En comparaison, son coaccusé Yunice Abbas est un livre ouvert.Il en a d'ailleurs écrit un sur cette affaire - "J'ai séquestré Kim Kardashian", au grand désespoir de sa défense.

La veille, ce petit homme au crâne rasé en gilet marine a présenté, en face, ses "sincères excuses" à la star. 

Aujourd'hui il refait volontiers le film pour la cour.

Explique de sa voix éraillée comment il avait hésité, avant d'accepter de "monter" sur ce "coup à plusieurs millions" proposé par sa vieille connaissance et coaccusé Aomar Aït Khedache.A cause de ses "problèmes cardiaques", et par manque d'envie de "retourner aux assises à 60 ans".Raté. 

Sur le "scenario" exact, il élude.Il ne connaît pas la victime, une "femme de rappeur" qui exhibait son gros "diamant" sur les réseaux sociaux, dit-il en plaquant sa main qui tremble à cause de la maladie de Parkinson, encore plus quand il n'aime pas la question.

Son rôle cette nuit du 2 au 3 octobre 2016, une fois le concierge de l'hôtel maîtrisé: faire le guet pendant que deux complices montent dans la chambre de Kim Kardashian, dit Yunice Abbas, qui semble vouloir s'étendre sur ses "erreurs" plutôt que sur son expérience de bandit ayant passé un tiers de sa vie en prison. 

Alors il raconte volontiers sa chute à vélo en quittant les lieux du crime, les bijoux éparpillés au sol qu'il ramasse en catastrophe.Ou le bras qu'il lève pour dire "je me rends" à la voiture de police qu'il croise, pensant qu'il est cuit."Les policiers croient que je dis bonjour, ils disent bonjour et ils continuent", sourit-il.

"Ni efficace, ni pro", résume-t-il.Un "pied nickelé". 

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