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A l'aéroport de Nice, les produits interdits partent aux Restos du coeur

A l'aéroport de Nice, les produits interdits partent aux Restos du coeur
Publié le 16 juin 2024 à 16:39, mis à jour le 16 juin 2024 à 16:40

Nice (AFP) - Les bouteilles d'eau, de soda, d'huile d'olive, de shampoing ou même de parfum bloquées par la sécurité de l'aéroport de Nice ne sont plus perdues pour tout le monde: depuis deux ans, les passagers distraits ont la possibilité de les offrir aux Restos du coeur.

Deuxième aéroport de France après Paris, avec un trafic de plus de 14 millions de passagers l'an dernier, l'aéroport Nice-Côte-d'Azur a été le premier à lancer cette initiative, qui fait déjà des émules.

Alors que la loi les oblige à détruire tous les objets interdits saisis dans les bagages à main, des aéroports ont longtemps cherché des solutions pour permettre aux passagers d'enregistrer les objets en soute ou de les expédier par la poste.Mais le gâchis reste monumental: à Nice, plusieurs centaines de milliers d'objets sont détruits chaque année.

En 2022, l'aéroport a donc contacté les Restos du coeur.Pour contourner la réglementation, très contraignante, le partenariat a mis en place une possibilité de don, d'abord via un formulaire écrit de quelques lignes au "poste d'inspection filtrage" (PIF), et désormais par simple accord verbal, sur toutes les lignes de contrôle.

Conséquence inattendue, la mesure facilite le travail des agents en diminuant les frustrations et l'agressivité: "Quand ils devaient dire, +je suis désolé mais votre bouteille d'huile d'olive AOP d'un litre ne peut pas partir avec vous+, il y avait de la tension.Maintenant, les gens se disent +au moins j'en fais profiter des personnes qui en ont besoin+", explique Aymeric Staub, porte-parole de l'aéroport.

Seule une poignée de passagers refusent l'option du don, soit parce que la barrière de la langue ne permet pas de la leur expliquer, soit parce qu'ils redoutent que les agents gardent les objets pour eux-mêmes.

Le plus souvent, il s'agit de bouteilles d'eau ou de boissons achetées trop tôt et les voyageurs stressés acceptent le don d'un air absent et courent attraper leur avion. 

Mais il y a aussi beaucoup de produits d'hygiène et de souvenirs locaux: tapenade, confitures, produits de parfumerie...

Depuis 2022, les Restos ont aussi comptabilisé 18 fers à repasser, des sets de pétanque et une disqueuse.Mais les objets contondants, les armes, les produits frais ou ceux entamés partent eux toujours au rebut.

- Des produits "de qualité" -

Trois fois par semaine, deux bénévoles se présentent avec une petite camionnette pour récupérer les fruits de cette pêche miraculeuse: en moyenne 700 kg de dons par semaine, avec des pics à une tonne lors du festival de Cannes ou du Grand Prix de Formule 1 de Monaco, qui voient augmenter à la fois le nombre de passagers et leur pouvoir d'achat. 

Les caisses sont alors conduites dans un centre des Restos et leur contenu trié puis réparti entre cinq permanences de l'agglomération.

Les produits d'hygiène sont particulièrement appréciés: "On en fournit mais c'est de l'hygiène standard, là les produits qu'on récupère sont de qualité", explique René Clausse, responsable local des Restos du coeur. 

Dans la permanence de la route de Turin, où les Restos accompagnent 900 familles dans le nord-est de Nice, les caisses provenant de l'aéroport sont disposées à l'entrée.Leur volume reste symbolique par rapport aux montagnes de produits de base distribués, mais elles constituent un petit plus qui fait du bien, explique un bénévole. 

Les bénéficiaires qui viennent remplir leur caddie peuvent choisir chacun un produit.Beaucoup parlent mal français et peinent à se décider entre les bouteilles de shampoing, de gel douche ou de laque, mais tous remercient avec profusion.

Face au succès, plusieurs autres aéroports ou antennes des Restos ont pris contact pour organiser un partenariat similaire chez eux.Les aéroports de Paris ont lancé une opération l'an dernier, celui de Lille est en pourparlers..."La mise en place, c'est long.Toute l'organisation, c'est difficile.Mais ça va se faire", se réjouit M. Clausse.

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