1er-Mai: Le Pen et Bardella entendent afficher leur unité à Narbonne

Narbonne (AFP) - Marine Le Pen et Jordan Bardella tiennent jeudi un meeting à Narbonne (Aude) où sont attendues 5.000 personnes, manière d'afficher leur unité un mois après la condamnation de la première à une peine d'inéligibilité qui pourrait la priver d'une quatrième candidature à l'Elysée.
Dans la sous-préfecture de l'Aude, un département devenu terre promise du Rassemblement national pour avoir élu un député du parti d'extrême droite dans chacune de ses trois circonscriptions, il s'agit d'abord pour les deux leaders de se livrer à une démonstration de force.
L'objectif étant également de montrer que rien ne change en ce 1er-Mai, une date symbolique pour le parti qui en avait d'abord fait un hommage annuel à Jeanne d'Arc à Paris sous la présidence de Jean-Marie Le Pen, avant que sa fille ne fasse évoluer le format, entre "banquet républicain" et dépôts de gerbe en province.
Affaiblie par sa condamnation le 31 mars à quatre ans d'emprisonnement dont deux avec sursis et, surtout, cinq ans d'inéligibilité avec effet immédiat, Marine Le Pen avait tenté dans la foulée de galvaniser ses troupes lors d'un rassemblement à Paris.
Mais les quelque 7.000 personnes qui avaient répondu à l'appel le 6 avril étaient bien insuffisantes pour remplir la place devant les Invalides, laissant l'impression d'un semi-échec.
Le RN préfère insister sur un afflux d'adhésions, revendiquant plus de 100.000 cartes, dont 20.000 nouvelles depuis le jugement du tribunal correctionnel de Paris.
Le rendez-vous occitan doit également convaincre de la permanence de la stratégie du parti à la flamme pour la présidentielle de 2027, Marine Le Pen s'en réclamant toujours "la candidate naturelle".
Ce "plan A" est toutefois conditionné à la décision des magistrats qui jugeront en appel le dossier des assistants d'eurodéputés, et dont la décision est attendue "à l'été 2026".
- Si Le Pen "passe sous un camion" -
L'entourage de la triple candidate malheureuse à la présidentielle a fait savoir ces derniers jours qu'en cas de confirmation d'une inéligibilité avec "exécution provisoire", elle passerait immédiatement le relais à Jordan Bardella.Et ce sans attendre une hypothétique décision de la Cour de cassation, tant il apparaît illusoire qu'elle puisse intervenir à temps pour pouvoir concourir.
D'ici là, le RN est confronté à un dilemme dont il éprouve déjà tous les inconvénients.
Car si le parti ne parie que sur la candidature Le Pen, il prend le risque d'apparaître impréparé en cas d'empêchement judiciaire.A contrario, s'il se résout à évoquer un "plan B" comme Bardella, il nourrit les spéculations en rivalité entre les deux leaders, voire pourrait encourager la base à réclamer que la candidature du champion des européennes de l'année dernière soit d'ores et déjà actée.
En déclarant samedi au Parisien que "si (Marine Le Pen) devait être empêchée demain, je pense pouvoir vous dire que je serai son candidat", celui qui aura trente ans en septembre a provoqué quelques haussements de sourcils parmi les rangs lepénistes.
Et si la "patronne" a entendu étouffer toute polémique, elle a rappelé mardi devant des journalistes qu'elle sera "la candidate à la présidentielle".Le "plan B"?"Si je passais demain sous un camion, eh bien, (Jordan Bardella) serait très évidemment la personne qui aurait vocation à me remplacer", a-t-elle seulement admis, manière de mieux renvoyer l'hypothèse à une forme d'incongruité.
Demeurent malgré tout plusieurs questions en suspens.Si Marine Le Pen n'est pas condamnée en appel à une peine d'inéligibilité immédiate, mais à nouveau reconnue coupable de détournement de fonds avec une peine d'emprisonnement, le RN devra choisir entre sa candidature entachée par l'opprobre pénal et celle de Jordan Bardella, qui n'a jamais été poursuivi dans le dossier judiciaire.
Les deux leaders, qui aiment à mettre en avant les sondages d'intentions de vote de premier tour à la présidentielle - l'un comme l'autre arriveraient largement en tête en recueillant entre 30% et 35% des suffrages -, devront par ailleurs d'ici le scrutin se déjouer d'un plafond de verre persistant: face à Edouard Philippe, M. Bardella comme Mme Le Pen ne sont crédités que de 44% au second tour selon une étude Odoxa parue mardi.