Le retour des piqûres sauvages à la Fête de la musique : angoisse légitime ou simple panique ?

Alors que la fête de la musique battait son plein, plusieurs participants ont rapporté avoir été victimes de piqûres sauvages, relançant l’inquiétude autour de ce phénomène qui avait déjà fait parler de lui lors d’événements publics précédents.
Tl;dr
- 145 signalements de piqûres recensés lors de la fête.
- Aucune soumission chimique avérée selon les experts.
- Douze interpellations, phénomène sans explication claire.
Des signalements qui se multiplient lors d’évènements festifs
La fête de la musique, événement populaire du 21 juin, aurait dû être synonyme de convivialité sous le soleil. Pourtant, en marge des célébrations, la soirée a basculé pour 145 personnes ayant rapporté avoir été victimes de piqûres. Ces signalements, enregistrés aussi bien en métropole qu’en Outre-mer, viennent rappeler un phénomène aussi énigmatique qu’inquiétant.
Ce type d’agressions par seringue n’est pas nouveau. Selon Leïla Chaouachi, pharmacienne experte auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament, l’apparition massive de cas a d’abord été médiatisée au Royaume-Uni avant que la France ne soit touchée dès avril 2022. À l’époque, plus de 2 100 plaintes avaient été déposées à travers l’Hexagone. Fait notable : ni mode opératoire ni substance injectée n’ont pu être identifiés à ce jour.
Aucune soumission chimique prouvée
Les symptômes ressentis sont relativement similaires : une douleur vive localisée, souvent au bras ou à la cuisse, accompagnée parfois de rougeurs, vertiges ou migraines. Toutefois, les analyses menées jusqu’à présent convergent vers un constat commun. Selon Leïla Chaouachi, « il n’y a pas eu de soumission chimique ». Aucun produit n’a été détecté dans l’organisme des victimes et aucun acte délictueux direct ne fait suite à ces piqûres mystérieuses.
Dans cette incertitude, certains avancent même l’idée d’un phénomène socialement amplifié voire fantasmé collectivement. La chercheuse Maëlle Noir, engagée au sein du collectif féministe Nous Toutes, met en perspective : « C’est un phénomène qui a toujours existé mais qui resurgit lors d’événements très médiatisés. »
L’impact sur les réseaux et la vigilance accrue
À l’approche des grands rassemblements, notamment cette année encore à la veille de la fête de la musique, des messages anxiogènes ont circulé sur les réseaux sociaux – certains évoquant même des « appels à piquer ». Après vérification, aucune trace tangible n’a pu être retrouvée. Selon Maëlle Noir, seule une « vigilance générale » est relayée en ligne ; des rumeurs parfois récupérées par des groupes aux motivations politiques ambivalentes.
Dans ce contexte trouble, les associations féministes peinent à adopter une posture claire face à ce flot d’informations contradictoires et non vérifiées. Cette situation nourrit le discours de certains courants cherchant à décrédibiliser leur action.
Bilan sécuritaire et suites judiciaires
Face à l’ampleur médiatique et sociale du phénomène, les autorités se mobilisent néanmoins. D’après le ministère de l’Intérieur, douze personnes soupçonnées d’être impliquées dans ces actes ont été interpellées récemment partout en France. Les faits concernent différents territoires : ainsi à Paris où trois jeunes ont signalé un malaise consécutif à une piqûre présumée ; ou encore à Nancy où une vingtaine de femmes ont porté plainte.
Pour toute information ou besoin d’accompagnement après ce type d’agression, il reste possible de contacter le Centre de Référence sur les Agressions Facilitées par les Substances (CRAFS).