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Goodyear devant la justice après des décès liés à des pneus défectueux en France

Goodyear devant la justice après des décès liés à des pneus défectueux en France
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La justice française a convoqué le fabricant Goodyear après plusieurs décès survenus dans l’Hexagone, liés à l’utilisation de pneus présentant des défauts. L’enquête vise à déterminer les responsabilités dans ces accidents tragiques.

Tl;dr

  • Goodyear soupçonné d’avoir caché des défauts de pneus.
  • Enquête après plusieurs accidents mortels en France.
  • Mise en examen et lourdes amendes possibles.

Des défaillances suspectes au cœur de l’enquête

Depuis l’accident tragique sur l’autoroute A36 dans le Doubs, en juillet 2014, qui a coûté la vie à Jean-Paul Rollet, la question de la sécurité des pneus commercialisés par Goodyear est au centre de toutes les attentions.

Animée par un refus de céder à la « fatalité du routier », sa veuve, Sophie Rollet, s’est lancée dans une enquête acharnée pour rassembler des éléments et mettre au jour d’autres accidents impliquant le même modèle de pneu.

Une série d’accidents mortels inexpliqués

De la Somme aux Yvelines, en passant par le Doubs, entre 2014 et 2016, plusieurs collisions impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear Marathon LHS II ou LHS II + ont provoqué la mort de quatre personnes. Les expertises menées sur ces sinistres convergent : dans chaque cas, l’éclatement du pneu avant gauche n’aurait pas résulté d’un facteur externe mais bien d’un défaut de fabrication.

Des événements similaires sont signalés ailleurs en France — dans l’Hérault, l’Indre et l’Isère notamment — mais restent prescrits. Selon les éléments recueillis par le procureur Étienne Manteaux, ces incidents ne seraient pas isolés : « Je crois qu’il y a eu des accidents dans toute l’Europe », affirme-t-il.

Mise en cause judiciaire et risques encourus

Le 13 mai 2025 marque une étape décisive : les représentants légaux des entités françaises et luxembourgeoises de Goodyear, respectivement la SAS Goodyear France et SAS Goodyear Operations, sont convoqués devant le juge d’instruction Marc Monnier à Besançon. Ils pourraient être mis en examen pour « homicides involontaires », « tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise » et « pratiques commerciales trompeuses ». À cela s’ajoute un risque financier non négligeable : une amende qui pourrait atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial du fabricant.

Parmi les faits reprochés à la multinationale américaine figure une politique qualifiée par certains enquêteurs de « systémique de dissimulation ». Dès 2013, elle aurait été informée des défauts affectant certains lots mais n’aurait engagé que des « programmes volontaires d’échange », récupérant près de la moitié seulement des produits concernés. À ce jour, plusieurs pneus défectueux demeurent accessibles sur le marché européen de l’occasion.

L’enquête franchit les frontières françaises

L’ampleur prise par cette affaire ne se limite pas à l’Hexagone. Plusieurs pays européens se sont manifestés auprès des autorités judiciaires françaises pour accéder aux documents issus des perquisitions menées chez Goodyear, aussi bien en France qu’au Luxembourg ou encore au siège européen à Bruxelles.

La perspective d’une coopération internationale se dessine donc autour de cette affaire qui éclaire d’un jour nouveau les responsabilités potentielles des géants du secteur industriel lorsqu’il s’agit de sécurité publique.

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