Attaques contre des prisons : une vingtaine de personnes déférées pour mise en examen

Une vingtaine de personnes soupçonnées d’implication dans les récentes attaques contre des établissements pénitentiaires ont été déférées devant la justice. Leur présentation intervient alors que les autorités examinent leur éventuelle mise en examen.
Tl;dr
- 21 suspects présentés pour attaques contre prisons et agents.
- Actions liées à la grande criminalité organisée, pas terrorisme.
- Enquête vise 15 actions depuis le 13 avril.
Criminalité organisée : 21 suspects devant la justice à Paris
La tension demeure palpable dans le milieu carcéral après une vague d’attaques visant des établissements pénitentiaires et leurs personnels. Depuis vendredi, l’information judiciaire, initiée à Paris, cible principalement une série d’actes coordonnés, survenus un peu partout en France dès le 13 avril dernier.
Le bilan est lourd : sept véhicules incendiés près de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) à Agen marquent le coup d’envoi de cette escalade de violences. Un tag énigmatique, « DDPF », y a alors fait son apparition.
Un vaste coup de filet national
Au fil des investigations, les forces de l’ordre ont procédé à l’interpellation de trente individus — dont quatre mineurs — entre lundi et mercredi. À ce stade, sept gardes à vue ont été levées sans poursuite. Toutefois, ce vendredi 2 mai, vingt-et-un suspects restent au cœur du dossier et sont présentés aux juges parisiens en vue d’une éventuelle mise en examen. Parmi eux figurent deux mineurs ainsi que sept détenus déjà incarcérés.
Plusieurs éléments expliquent la complexité de cette affaire :
- Présence du créateur présumé du compte Telegram « DDPF » (« Défense des prisonniers français »), identifié comme proche du groupe criminel DZ Mafia.
- Série d’incidents graves, allant des tirs de mortiers d’artifice sur des prisons jusqu’à l’utilisation d’armes automatiques telles que la kalachnikov, notamment à Toulon.
- Ciblage direct des personnels pénitentiaires : cocktails Molotov lancés sur un lotissement à Villefontaine (Isère) où résident plusieurs agents, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.
Piste criminelle privilégiée par les enquêteurs
Malgré la gravité des faits et leur caractère spectaculaire, rien ne laisse penser que ces actes relèvent d’un projet terroriste au sens strict du terme.
Ainsi que le rappellent conjointement le parquet national antiterroriste (Pnat) et la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), désormais chargée du dossier : « Les investigations ont permis d’inscrire résolument ces actions dans la très grande criminalité organisée ». L’objectif semble donc éloigné d’une volonté purement terroriste ; il s’agirait plutôt de tentatives répétées pour déstabiliser le système pénitentiaire.
Lutte renforcée contre les réseaux criminels
Dans ce contexte tendu, la réaction institutionnelle n’a pas tardé. Alors même que Gérald Darmanin, ministre de la Justice, évoquait l’implication directe du crime organisé dans ces exactions, le Parlement a adopté une nouvelle loi pour renforcer les moyens de lutte contre les narcotrafiquants.
Une riposte législative qui confirme l’ampleur du défi posé aux autorités françaises face à cette montée inédite de violences ciblant les acteurs du monde carcéral.