Vers la fin du cash ? Les raisons de Gérald Darmanin pour abolir billets et pièces

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est prononcé en faveur de la disparition progressive des paiements en espèces. Cette mesure, selon lui, vise à lutter plus efficacement contre la fraude, le blanchiment d’argent et certaines formes de criminalité.

Des mesures renforcées contre le trafic de drogue

La lutte contre le narcotrafic continue de mobiliser l’exécutif. Fin avril 2025, une loi ambitieuse visant à « sortir la France du piège du narcotrafic » a franchi l’étape finale au Parlement.

Ce texte, porté par la volonté d’endiguer un fléau qui mine les territoires, comporte notamment la création d’un nouveau parquet anticriminalité et l’adoption de techniques d’enquête plus poussées. Pourtant, malgré ces avancées, certains membres du gouvernement estiment que le compte n’y est pas encore.

Darmanin cible l’argent liquide

Interrogé par la commission d’enquête sénatoriale sur la délinquance financière, le Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a surpris en suggérant une mesure radicale : supprimer purement et simplement l’argent liquide. Selon lui, cette suppression serait « assez simple » pour enrayer la circulation de drogue. L’ancien ministre de l’Intérieur estime en effet que « L’argent liquide reste le sujet principal [quand on parle du trafic de drogue] ». Difficilement traçables, pièces et billets faciliteraient la persistance des réseaux criminels. La disparition progressive des espèces rendrait selon lui inopérant un pan entier du commerce illégal.

Voici les arguments avancés par le ministre :

• L’argent fiduciaire permettrait aux trafiquants d’échapper aux contrôles.
• L’absence de billets contraindrait vendeurs et acheteurs à cesser leur activité.
• Les sanctions deviendraient inéluctables face à la traçabilité totale.

L’euro numérique : complément ou remplacement ?

Mais faut-il pour autant imaginer un avenir sans monnaie sonnante et trébuchante ? À demi-mot, Gérald Darmanin fait référence au projet européen d’euro numérique.

Or ce dernier n’a aucunement vocation à faire disparaître pièces ou billets. La Banque de France, interrogée sur le sujet, rappelle que « L’euro numérique complétera les espèces et les autres moyens de paiement, sans les remplacer. Il viendra accroître la liberté de choix des particuliers, sans aucune obligation d’utilisation ».

Nouvelles preuves concrètes : les espèces ont toujours la cote

Si besoin était d’un signe tangible quant à l’avenir des espèces, il suffit d’observer l’investissement récent consenti par la Banque centrale française. Plus de 250 millions d’euros sont alloués à la construction d’une nouvelle imprimerie fiduciaire à Vic-le-Comte, dans le Puy-de-Dôme. Un geste qui contredit toute idée d’abandon prochain du cash dans les portefeuilles français.

Alors que le débat s’installe entre modernisation monétaire et persistance des usages traditionnels, une certitude demeure : l’éradication complète du narcotrafic passe par bien plus qu’une simple réforme monétaire.