Trois économistes français appellent à l’adoption de la taxe Zucman

Trois économistes français s’engagent en faveur de la taxe Zucman, une mesure visant à renforcer la justice fiscale. Ils appellent à adopter ce dispositif pour mieux lutter contre l’évasion fiscale et améliorer le financement des services publics.
Tl;dr
- La « taxe Zucman » vise les 0,01 % plus riches.
- Exil fiscal jugé faible selon les économistes.
- L’adoption au Sénat reste incertaine.
Une mesure emblématique pour taxer les plus fortunés
Le débat sur la « taxe Zucman » s’intensifie à l’approche de son examen au Sénat. Cette proposition de loi, portée par les députées Éva Sas et Clémentine Autain, entend instaurer un impôt plancher sur le patrimoine des 0,01 % des contribuables français les plus aisés.
Son objectif est clair : garantir qu’au moins 2 % de la fortune de ces très grandes fortunes soient prélevés chaque année au titre de l’impôt.
Un soutien économique de poids malgré des nuances
Trois figures majeures de l’économie française, à savoir Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international, Jean Pisani-Ferry, professeur à Sciences Po, et l’économiste mondialement reconnu Gabriel Zucman, ont pris la plume dans une tribune publiée mercredi par Le Monde. Tous trois expriment leur soutien à cette initiative. D’ailleurs, ils rappellent ensemble que, selon leurs calculs, « les plus riches ne contribuent pas aujourd’hui à hauteur de ce qui est demandé aux autres catégories sociales ».
Certes, quelques divergences ont émergé lors des débats internes. Ainsi, si Olivier Blanchard avait affiché initialement son scepticisme quant au seuil retenu des 2 %, suggérant un taux inférieur, il n’en partage pas moins le constat d’une nécessaire réforme.
Inefficacité du système actuel et égalité devant l’impôt interrogée
Un point crucial ressort nettement du plaidoyer des économistes : aujourd’hui, le niveau de contribution fiscale diffère profondément selon le niveau de richesse. Ils soulignent que « l’ensemble des Français acquittent environ 50 % de leurs revenus en impôts et cotisations sociales… ce chiffre tombe à 27 % pour les milliardaires ».
Selon eux, cela relève d’« une violation du principe constitutionnel d’égalité devant l’impôt », mettant ainsi en lumière la nécessité d’un mécanisme correctif comme celui proposé.
L’exil fiscal, un risque à relativiser ?
Reste une question sensible : celle de l’exil fiscal. Les auteurs invitent à ne pas dramatiser ce phénomène. Leur analyse des études existantes converge vers une conclusion : si certains départs sont observés, leur ampleur demeure limitée. De plus, ils rappellent que le dispositif envisagé prévoit que les contribuables concernés resteraient soumis à cet impôt plancher durant cinq années suivant leur éventuel départ — une mesure destinée à limiter toute tentative d’évitement.
– Soulignons enfin que malgré l’approbation obtenue en février à l’Assemblée nationale, grâce aux voix de la gauche et face à l’abstention du Rassemblement national, la trajectoire parlementaire s’annonce semée d’embûches. La majorité détenue par la droite au Sénat rend tout aboutissement incertain.