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Mesures pour protéger l’eau en France : prudence face à l’enthousiasme suscité par ce “coup de com”

Mesures pour protéger l’eau en France : prudence face à l’enthousiasme suscité par ce “coup de com”
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Si les récentes annonces gouvernementales sur la protection des eaux françaises semblent prometteuses, leur portée réelle suscite le scepticisme. Plusieurs acteurs pointent un manque d’ambition et craignent que ces mesures relèvent surtout d’une opération de communication.

Tl;dr

  • Naissance de la plus grande aire marine protégée mondiale.
  • Protection accrue mais controversée du domaine maritime français.
  • ONG sceptiques face à l’efficacité réelle des mesures annoncées.

Un sommet à Nice sous le signe de l’ambition

La ville de Nice accueille la Troisième Conférence des Nations Unies pour l’Océan, un rendez-vous orchestré conjointement par la France et le Costa Rica. Les attentes sont élevées : la communauté internationale vise la préservation accrue de l’océan, avec, en ligne de mire, cet objectif ambitieux des 30 % d’aires marines protégées (AMP) d’ici à 2030 – alors que seules environ 9 % des mers mondiales bénéficient aujourd’hui de ce statut.

L’annonce polynésienne : entre fierté et nuances

Dès l’ouverture du sommet, une annonce a résonné comme un signal fort : la création en Polynésie française de ce qui deviendra la plus grande AMP au monde. La quasi-totalité de la zone économique exclusive locale, soit 4,55 millions de km², passe sous protection minimale ; une portion notable (900 000 km²) sera classée en protection stricte, interdisant toute activité humaine. Par ailleurs, des secteurs de pêche artisanale renforceront cette dynamique avec une « protection forte » sur près de 1,1 million de km² – soit deux fois la superficie de l’Hexagone.

Pourtant, derrière cet élan salué tant par les autorités que par plusieurs ONG environnementales, certains acteurs relativisent. La part effectivement soumise à une vraie « protection forte » reste réduite et les critères varient fortement selon les zones concernées.

Aires marines protégées : définition et chiffres clés

Il convient d’éclaircir : qu’entend-on précisément par AMP ? Selon le WWF, il s’agit d’« un espace délimité en mer assurant sur le long terme la conservation de la nature et des écosystèmes marins ». Mais toutes ne se valent pas ; les statuts oscillent entre simple encadrement et interdiction totale d’activités extractives. En Méditerranée, on recense pas moins de cinquante-quatre types différents d’AMP… Ce foisonnement soulève une question centrale : leur efficacité réelle sur le terrain.

À l’échelle mondiale, seuls 2,7 % des océans bénéficient d’une protection « haute » ou « intégrale » (aucune pêche ni exploitation), alors que ce taux tombe à un maigre 0,04 % en Méditerranée française.

Doutes persistants parmi les ONG et appel à mieux faire

Si le gouvernement évoque une « accélération sans précédent de la protection forte », notamment via l’interdiction prochaine du chalutage de fond dans certaines zones hexagonales (qui devraient représenter 4 % des eaux métropolitaines fin 2026), nombre d’associations restent dubitatives. Pour l’ONG Bloom, ces nouvelles AMP sont qualifiées d’« escroquerie » ou même d’« imposture écologique », pointant que plusieurs secteurs annoncés comme innovants étaient déjà interdits aux pratiques les plus destructrices.

Dans les faits :

  • 33 % des eaux françaises sont couvertes par au moins une AMP.
  • Pêche et chalutage de fond restent largement autorisés, même dans ces espaces théoriquement protégés.
  • L’interdiction systématique du chalutage reste réclamée par Greenpeace et Oceana.

Si l’intention politique paraît affichée haut et fort lors du sommet niçois, beaucoup observent encore avec prudence ses retombées concrètes sur la santé réelle des océans.

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