Luca de Meo : l’arrivée qui bouleverse le CAC40 ?

Luca de Meo, à la tête de Renault depuis 2020, s’impose comme l’un des dirigeants les plus marquants du CAC40. Son parcours impressionnant et ses choix stratégiques audacieux suscitent l’attention du secteur automobile et des investisseurs.
Tl;dr
- Luca de Meo quitte Renault pour diriger Kering.
- Renault a retrouvé la rentabilité sous sa direction.
- Kering espère un nouveau souffle après des difficultés récentes.
Un transfert choc secoue l’industrie française
Difficile de ne pas voir, dans le départ de Luca de Meo de Renault pour prendre la tête de Kering, un véritable séisme. Ce dimanche, l’annonce est tombée comme une bombe : le directeur général emblématique du constructeur automobile s’apprête à tourner la page, laissant derrière lui un groupe remis sur pied, et rejoignant, dès le 15 juillet, le géant du luxe propriétaire des maisons prestigieuses comme Gucci, Yves Saint Laurent ou encore Balenciaga.
Un mouvement inattendu, que peu d’acteurs avaient anticipé dans un secteur où chaque départ est scruté.
Luca de Meo, l’artisan d’une « Renaulution » saluée
Quand il avait repris les rênes de Renault en pleine tempête post-Ghosn début 2020, fort de ses passages remarqués chez Fiat, Seat, ou encore Audi-Volkswagen, certains s’interrogeaient sur sa capacité à redresser la marque au losange. C’est pourtant sous sa houlette qu’a été lancé le plan ambitieux baptisé « Renaulution », orchestrant un virage vers l’électrique et une relocalisation partielle des productions sur le territoire français.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en cinq ans, la société est passée d’importantes pertes à un bénéfice opérationnel record de 2,3 milliards d’euros en 2023. Un redressement qui lui aura valu une rémunération annuelle atteignant 5,5 millions d’euros. Si l’on en croit les économistes spécialisés tels que Vincent Vicard ou Florian Neuvy, la stratégie déployée – avec notamment le succès du lancement de la R5 électrique – a permis à Renault d’aborder sereinement les défis futurs.
L’industrie automobile française sous tension
Le contexte reste néanmoins complexe. Malgré quelques signaux encourageants, l’ensemble du secteur automobile traverse une zone de turbulences : les volumes de ventes restent environ 15 % en-deçà des niveaux pré-pandémie et la progression espérée du véhicule électrique patine à seulement 17 % du marché.
Ce climat explique sans doute pourquoi le départ soudain de Luca de Meo cristallise autant les attentions : « L’industrie reste structurante en termes d’emplois et d’innovation », rappelle Vincent Vicard. Pour ne rien arranger, plusieurs autres grands groupes peinent aussi à trouver leur cap : on se souvient du départ plus contraint de Carlos Tavares chez Stellantis fin 2024, alors même que Peugeot traversait une période délicate.
Kering parie sur l’effet Luca de Meo pour rebondir
Le secteur du luxe observe avec intérêt ce recrutement spectaculaire. L’action Renault a aussitôt chuté entre 6 et 7 % tandis que celle de Kering s’envolait jusqu’à 9 %. La maison fondée par François‑Henri Pinault affiche aujourd’hui plus de 10 milliards d’euros de dette et cherche clairement à renouveler son souffle après des années dorées post-Covid désormais derrière elle. À ce stade toutefois, rien ne garantit que la magie opèrera aussi facilement : nouveaux marchés, clientèle différente… Tout reste à prouver pour celui qui fut l’homme providentiel du redressement automobile tricolore.
En attendant le nom officiel du successeur – promis avant fin 2025 –, les regards restent tournés vers cette page qui se tourne chez Renault… et celle qui commence chez Kering.