Indemnisation des retards aériens : les droits des passagers menacés par une forte baisse

Le régime actuel d’indemnisation des passagers en cas de vols retardés pourrait bientôt évoluer. Une réforme envisagée prévoit de limiter fortement les compensations financières, suscitant des inquiétudes pour les droits des voyageurs aériens.
Tl;dr
- Indemnisation passagers aériens réduite après accord européen.
- Compagnies et consommateurs insatisfaits du compromis.
- Nouveaux droits accordés aux passagers annoncés.
Un compromis difficilement trouvé entre les États membres
Après de longues discussions, les représentants des 27 pays de l’Union européenne sont parvenus le 5 juin 2025 à une réforme-clé : la réduction de l’indemnisation pour les retards d’avion. Ce texte, qui divise déjà profondément compagnies aériennes et associations de consommateurs, doit désormais passer l’étape du Parlement européen.
L’origine de ce bras de fer ? La règle, en vigueur depuis plus de vingt ans, qui permettait jusqu’à présent à chaque passager de réclamer jusqu’à 600 euros pour un retard supérieur à trois heures. Une charge jugée exorbitante – 8,1 milliards d’euros par an selon la Commission européenne – que les compagnies aériennes n’ont eu de cesse de dénoncer.
Des indemnisations revues à la baisse… mais assorties de nouveaux droits
Le nouveau texte redéfinit les seuils et montants applicables. Désormais, pour un vol inférieur ou égal à 3 500 kilomètres – ainsi que pour tout trajet intra-européen –, le plafond d’indemnisation serait fixé à 300 euros, mais uniquement à partir d’un retard de quatre heures. Au-delà de cette distance, il faudrait patienter au moins six heures pour espérer toucher une compensation plafonnée à 500 euros.
Dans la foulée des négociations, les dirigeants européens ont toutefois insisté sur un point clé : « plus de 30 nouveaux droits » viendront renforcer la protection des passagers. Parmi ces avancées, citons :
- Droits accrus pour les personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite
- Mise en place d’un système automatique d’indemnisation en cas d’annulation
Mécontentement généralisé chez les parties prenantes
En dépit des annonces sur ces nouveaux droits, personne ne se dit pleinement satisfait. Les associations de défense des consommateurs n’ont pas tardé à condamner la réforme, pointant un recul inacceptable dans la protection des voyageurs. À l’inverse, le camp des transporteurs n’est guère plus enthousiaste. L’organisation Airlines for Europe (A4E), qui réunit notamment Lufthansa, Air France-KLM, Ryanair, ou encore easyJet, fustige « encore plus de complexité » dans ce compromis par rapport aux ambitions initiales avancées par la Commission.
Poursuite du débat au Parlement européen
La balle est désormais dans le camp du Parlement. Si certains ministres nationaux saluent « un compromis heureux », à l’instar du Français Philippe Tabarot sur X, le dossier s’annonce loin d’être clos. Entre promesses nouvelles et concessions amères, l’équilibre reste fragile autour du délicat sujet des droits des passagers aériens en Europe.