Immigration en France : un apport économique supérieur à son coût réel

Alors que le débat public s’enflamme sur le coût de l’immigration, plusieurs études économiques rappellent que la contribution des immigrés aux finances publiques françaises demeure positive, contredisant ainsi les idées reçues sur leur prétendu fardeau budgétaire.
Tl;dr
- L’OID remet en cause l’apport économique de l’immigration.
- Sa méthodologie et crédibilité sont fortement contestées.
- Les études majeures montrent un impact neutre ou positif.
Une affirmation qui fait polémique
« L’immigration dégrade les comptes publics. » Cette phrase, lancée récemment par l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID), a ravivé le débat sur l’impact financier des migrations en France. Dans une note publiée le 23 juin, ce think tank assure que « Les recettes budgétaires apportées par les immigrés ne financent que 86 % des dépenses publiques qui leur sont affectées. »
Plus encore, il avance que les immigrés seraient « moins en emploi que les natifs », avec une productivité réduite et une moindre présence dans l’industrie.
Méthodologie controversée et absence de consensus scientifique
Mais voilà : nombre de spécialistes et d’internautes dénoncent immédiatement ces conclusions. Les critiques ne manquent pas, pointant notamment le manque de rigueur scientifique de l’OID. Selon Patrick Simon, démographe interrogé par le média Bast, « Parmi ses membres, on ne compte aucun chercheur spécialiste de la démographie et de l’immigration, excepté Gérard-François Dumont », connu pour ses prises de position anti-immigration. Par ailleurs, la composition du conseil scientifique interroge : Xavier Driencourt ou Pierre Brochand – tous deux proches des sphères d’extrême droite – y siègent.
La méthodologie employée soulève également des doutes sérieux. Contrairement aux pratiques standards des grands instituts comme le CEPII, l’OCDE ou France Stratégie, cette note mélange différents groupes (immigrés récents, enfants de migrants…), omet des facteurs essentiels comme la barrière linguistique ou la reconnaissance des diplômes, et néglige les effets positifs à long terme.
L’état réel des connaissances économiques
Face à ces assertions discutables, qu’en disent les grandes institutions ? Plusieurs analyses récentes du CEPII, principal centre français d’expertise économique, estiment que l’impact budgétaire de l’immigration varie entre –0,5 % et +0,05 % du PIB ; autrement dit, il demeure négligeable. L’OCDE, elle, évalue même la contribution nette des immigrés à +1,02 % du PIB pour la France en 2018. Du côté de France Stratégie, on rappelle que « L’effet sur les salaires et l’emploi des natifs est faible ou neutre. »
Voici quelques points saillants résumant ce consensus :
- L’immigration n’alourdit pas durablement les finances publiques.
- Aucun impact négatif massif sur l’emploi des Français.
- Méthodes reconnues recommandent prudence face aux généralisations hâtives.
Derrière le débat : instrumentalisation et climat politique tendu
En définitive, la publication très commentée de l’OID, à l’approche d’échéances politiques majeures, s’apparente davantage à un outil polémique qu’à une référence sérieuse en matière d’analyse économique.
Si la question mérite débats sereins et chiffres robustes, elle reste trop souvent parasitée par des lectures idéologiques au détriment de toute objectivité – un constat malheureusement récurrent dans ce dossier ô combien sensible.