Désaffection record pour le Livret A en avril : quelles raisons poussent les Français à lui tourner le dos ?

Le Livret A a enregistré en avril sa plus faible collecte depuis 2008, marquant un désintérêt notable des épargnants français. Ce recul interroge sur les raisons qui poussent désormais les ménages à délaisser ce placement pourtant populaire.
Tl;dr
- Le Livret A subit sa pire décollecte depuis 2009.
- Les taux bas et la concurrence fragilisent l’épargne réglementée.
- Le LEP connaît aussi un fort recul en avril.
Recul historique du Livret A : les épargnants se détournent
Jamais, depuis plus de dix ans, le Livret A n’avait connu un tel revers. Les chiffres publiés par la Caisse des dépôts témoignent d’un mois d’avril noir pour ce produit d’épargne emblématique : le montant total des retraits a excédé celui des dépôts de 200 millions d’euros.
Une « décollecte nette » inédite par son ampleur, qui renvoie à 2009, date de la généralisation du Livret A dans toutes les banques. Seule exception jusqu’alors, avril 2015 affichait déjà un solde négatif, mais deux fois moindre.
L’érosion de l’attractivité face à la concurrence et à la baisse des taux
Dans le contexte actuel, la désaffection pour le Livret A n’est pas isolée. Depuis l’abaissement de son taux – passé de 3 % à 2,4 % début février – ce support perd progressivement sa superbe au profit d’autres placements. L’assurance vie, par exemple, a enregistré une collecte exceptionnelle en mars dernier, accentuant ainsi la concurrence.
Quant au Livret de développement durable et solidaire (LDDS), il résiste un peu mieux avec une collecte nette positive de 310 millions d’euros en avril. Pourtant, sur les quatre premiers mois de l’année, la collecte cumulée Livret A/LDDS plafonne à 3,6 milliards d’euros, bien loin des 11,3 milliards observés sur la même période l’an passé.
Ménages modestes : le LEP traverse aussi une zone de turbulence
Si les livrets réglementés sont en difficulté, le constat s’aggrave pour le Livret d’épargne populaire (LEP). Réservé aux ménages aux revenus modestes, il signe lui aussi son pire mois d’avril depuis 2009 : la décollecte atteint près de 2 milliards d’euros, un montant sans précédent pour cette période habituellement marquée par les fermetures annuelles imposées aux détenteurs ne remplissant plus les critères. À titre de comparaison, en avril 2024 (sic), la décollecte n’était que de 270 millions.
Voici quelques chiffres pour saisir l’ampleur du phénomène :
- L’encours total du Livret A atteint encore 444 milliards d’euros.
- Le LDDS affiche un encours à hauteur de 162,7 milliards.
- L’ensemble représente ainsi un record cumulé : 606,7 milliards d’euros.
Perspectives et incertitudes pour l’épargne réglementée
Malgré ces flux sortants spectaculaires, les encours demeurent proches de leurs plus hauts historiques – preuve que les Français n’ont pas totalement tourné le dos à ces placements sécurisés.
Mais entre rendement en berne et attrait croissant des solutions alternatives comme l’assurance vie ou certains comptes à terme bancaires, il devient difficile pour les livrets réglementés de maintenir leur aura auprès des épargnants.
Faut-il y voir un signal durable ou seulement conjoncturel ? La question reste ouverte.
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