Carmat, pionnier du cœur artificiel, déclare sa cessation de paiements

Le pionnier français du cœur artificiel, Carmat, fait face à de graves difficultés financières. L’entreprise a annoncé se placer en cessation de paiements, illustrant les défis rencontrés par ce secteur innovant malgré des avancées médicales majeures.

Une entreprise au bord du gouffre

À quelques jours d’une échéance cruciale, Carmat s’est retrouvée face à une impasse financière. Ce lundi, la société spécialisée dans le développement d’un cœur artificiel temporaire pour patients souffrant d’insuffisance cardiaque sévère a officialisé sa cessation de paiements.

Après avoir tiré la sonnette d’alarme il y a une dizaine de jours, alertant sur le risque imminent d’être à court de liquidités, l’entreprise va désormais « solliciter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du Tribunal des Affaires Économiques de Versailles ».

Des perspectives financières épuisées

Créée en 2008, Carmat avait chiffré ses besoins immédiats à 3,5 millions d’euros avant la fin juin et à près de 20 millions supplémentaires d’ici décembre. Malgré le lancement d’une campagne

de dons et des efforts pour séduire de nouveaux investisseurs, l’entreprise n’a pas réussi à réunir les fonds nécessaires. Elle explique aujourd’hui que « malgré la poursuite de ses efforts, la société n’est pas parvenue à ce stade à sécuriser un tel complément de trésorerie ni de nouveaux financements ». Le recours au redressement judiciaire, présenté comme « le cadre le plus approprié pour faciliter cette poursuite », est donc privilégié afin d’espérer sauvegarder son activité.

Bourse suspendue et patients sous surveillance

Dans ce contexte tendu, Carmat a demandé la suspension du cours de son action en Bourse, effective dès le lundi 30 juin 2025 avant l’ouverture des marchés, en attendant la décision imminente du tribunal.

Mais au-delà des enjeux économiques, la société tient à rassurer les porteurs du dispositif Aeson : « quelle que soit la décision du tribunal, elle s’efforcera de continuer à assurer le support des patients qui bénéficient actuellement du cœur artificiel Aeson ». Depuis sa mise sur le marché, ce sont déjà 122 patients qui ont bénéficié du dispositif destiné aux malades en attente d’une transplantation cardiaque.

Turbulences et incertitudes pour l’avenir

Il faut rappeler que l’histoire récente de Carmat est marquée par une succession de difficultés : entre fin 2021 et octobre 2022, la société avait suspendu volontairement les implantations afin d’améliorer son dispositif après plusieurs incidents dramatiques – deux patients ayant perdu la vie suite à des dysfonctionnements.

Aujourd’hui encore, l’avenir reste suspendu aux décisions judiciaires et aux capacités futures de refinancement. Pour les acteurs du secteur médical innovant français, c’est un nouveau signal inquiétant sur les fragilités structurelles rencontrées lors du passage à l’industrialisation.