Six of Crows, le spin-off avorté de Shadow and Bone

Avec l’arrêt de Shadow and Bone, Netflix prive les fans d’un arc narratif prometteur centré sur les Crows.

Un univers riche brutalement interrompu

Malgré des attentes élevées, Netflix a choisi d’arrêter net plusieurs séries originales qui avaient pourtant su s’attirer un public fidèle. Parmi ces décisions controversées, l’annulation de Shadow and Bone a particulièrement fait grincer des dents. L’ultime épisode de la saison 2 laissait Alina, interprétée par Jessie Mei Li, face à une énigme morale inédite après avoir déjoué un assassinat, mais ce nouveau chapitre n’aura jamais été exploré à l’écran. La frustration est d’autant plus vive que le scénario promettait d’explorer les pouvoirs ténébreux nouvellement acquis par l’héroïne, en contraste direct avec son rôle initial de Sun Summoner.

L’identité singulière du Grishaverse

Ce qui faisait la force de Shadow and Bone, c’était cette capacité à bâtir un univers où le fantastique se mêle à la science via les pouvoirs des Grisha – ces êtres capables de manipuler les éléments. Le récit, certes imparfait et parfois victime d’un rythme précipité propre aux adaptations young adult, avait su donner vie à une galerie de personnages attachants et complexes. Aux côtés d’Alina, figure morale (avec ses failles), on découvrait surtout le trio du Ketterdam : la redoutable Inej (Amita Suman), le tireur Jesper (Kit Young) et leur chef sans pitié, Kaz Brekker (Freddy Carter). Ensemble, ils dessinaient les contours d’une réalité plus grise, bien loin du manichéisme habituel.

La promesse avortée de Six of Crows

Or, c’est justement sur ce pan plus sombre et nuancé que devait reposer le spin-off tant attendu, Six of Crows. Inspiré du roman éponyme de Leigh Bardugo, il promettait une plongée dans les tourments moraux et les rivalités explosives au sein d’une bande de marginaux menés par Kaz. La saison 2 avait même amorcé ce virage en introduisant l’intrigue du jurda parem – drogue au cœur du roman – ouvrant la voie à un braquage spectaculaire dans la mythique Ice Court.

Les ingrédients semblaient réunis pour réussir :

• Diversité des points de vue sur fond d’enjeux politiques et personnels,
• Mélange subtil entre action haletante et conflits intimes,
• Aventures entremêlées sans jamais éclipser le parcours des protagonistes principaux.

L’amertume des fans face à l’annulation

La décision de Netflix a stoppé net cette dynamique : le potentiel narratif offert par ces six jeunes héros brisés n’atteindra pas l’écran. Beaucoup y voient non seulement une occasion manquée pour le genre fantasy, mais aussi un vrai crève-cœur pour les amateurs de récits aux frontières troubles où l’espoir côtoie la noirceur. Le « Grishaverse » conserve ainsi son mystère… mais sur papier uniquement.