Pourquoi Saruman est-il devenu maléfique dans Le Seigneur des Anneaux ?

Dans l’univers du Seigneur des Anneaux, la trahison de Saroumane intrigue de nombreux lecteurs. Ce personnage, jadis allié du Bien, finit par rejoindre les forces de Sauron, soulevant la question de ses motivations profondes et de sa chute.
Tl;dr
- Saruman bascule par orgueil et soif de pouvoir.
- Son glissement vers le mal commence bien avant le récit.
- Le palantír marque sa trahison définitive envers les siens.
De la grandeur à la chute : qui est vraiment Saruman ?
Figure incontournable de l’univers imaginé par J.R.R. Tolkien, Saruman incarne cette trajectoire fascinante, presque inéluctable, du sage devenu traître. Longtemps respecté comme chef des Istari — ces êtres d’essence quasi angélique envoyés pour protéger la Terre du Milieu de la menace de Sauron — il finit par incarner, dans « Le Seigneur des Anneaux », l’un des plus puissants moteurs du chaos.
On oublie parfois que Saruman, sous son nom originel de Curumo, a déjà traversé les millénaires avant même d’atterrir en Terre du Milieu, bien avant le récit que nous connaissons. Son arrivée — sous une apparence d’homme âgé — précède de près de deux mille ans l’aventure de Frodon. Il n’en reste pas moins que son passage du côté obscur n’est pas soudain : Tolkien laisse entendre, dans Le Silmarillion, que son orgueil et ses ambitions démesurées germent dès sa nomination à la tête du Conseil Blanc, soit quinze siècles après son arrivée. À ce moment précis, il est dit sans détour : « Curunír avait déjà tourné ses pensées vers l’ombre et était déjà un traître en son cœur ». Le désir de posséder l’Anneau Unique ronge alors Saruman depuis longtemps.
Lent glissement vers les ténèbres
Cependant, les germes du conflit intérieur sont semés encore plus tôt. L’antagonisme larvé avec Gandalf, notamment révélé dans les Contes et Légendes inachevés, illustre une rivalité discrète mais tenace pour la prééminence au sein des Mages. Dès leur envoi par les Valar, Saruman nourrit une jalousie profonde envers celui qu’il perçoit comme un rival potentiel — le souvenir cuisant d’une prophétie qui accorde à Gandalf un rôle clé ne fait qu’alimenter cette frustration sourde.
C’est ce mélange complexe d’orgueil blessé, d’appétit pour le savoir et d’une volonté farouche d’exercer un contrôle absolu qui précipite Saruman dans l’abîme. Au fil des siècles, sa position s’affermit : chef du Conseil Blanc, détenteur de la tour d’Orthanc, il se lance à corps perdu dans l’étude des forces obscures et des artefacts anciens.
L’irréversible trahison : le palantír comme point de bascule
La bascule devient irrévocable lorsqu’il s’empare du palantír d’Orthanc. Cette pierre de vision lui offre une puissance décuplée mais l’expose directement à l’influence corruptrice de Sauron. C’est à cet instant — moins de vingt ans avant le début de la quête de Frodon — que Saruman passe définitivement à l’acte : manipulé par Sauron via le palantír, il trahit ouvertement ses alliés pour poursuivre ses ambitions.
Parmi les raisons évoquées par Tolkien pour expliquer cette dérive tragique :
- L’obsession du pouvoir : Saruman souhaite façonner le monde selon sa propre volonté.
- L’envie persistante envers Gandalf : Un ressentiment jamais apaisé face au destin particulier accordé à son pair.
- L’impatience face aux limites imposées : Son refus d’accepter la lenteur et les restrictions attachées à sa mission sur Terre.
Au final, la chute de Saruman illustre combien même les plus sages peuvent sombrer lorsque fierté et convoitise prennent le pas sur leur vocation première. Un avertissement universel dont l’écho résonne bien au-delà des frontières de la Terre du Milieu.