Pourquoi Gene Hackman a refusé de jouer dans Se7en ?
Si Gene Hackman n’est pas dans Se7en, c’est qu’il tenait à ses nuits de sommeil.
Tl;dr
- Gene Hackman a refusé le rôle principal dans Se7en malgré l’intérêt du réalisateur David Fincher.
- Ce refus n’était pas lié au scénario, mais à son aversion pour les tournages nocturnes.
- Déjà au sommet de sa carrière, Gene Hackman privilégiait le confort et la maîtrise de son agenda à toute nouvelle opportunité.
Un rôle convoité, finalement laissé de côté
Parmi les grands noms d’Hollywood, rares sont ceux à avoir décliné autant de projets que Gene Hackman. Polyvalent, salué pour son jeu subtil aussi bien dans la comédie que le drame, il figurait parmi ces acteurs capables d’attirer les foules tout en convainquant la critique. Ce mélange d’exigence professionnelle et de popularité faisait naturellement de lui une cible prisée des réalisateurs. Pourtant, lorsque le rôle principal du thriller culte Se7en s’est présenté en 1995, c’est sans regret qu’il a tourné la page.
Pourquoi refuser un film aussi marquant ?
Pour comprendre ce choix, il faut remonter au moment où le cinéaste David Fincher, fraichement engagé sur le projet, cherche à remplacer Al Pacino, qui venait déjà de décliner le personnage du détective Somerset. Lorsqu’il rencontre Gene Hackman, admirant au passage sa carrière exemplaire et sa présence inimitable à l’écran, la discussion prend rapidement une tournure inattendue. Le réalisateur se souvient : « Il m’a demandé s’il y aurait beaucoup de tournages nocturnes. Après 40 minutes d’échange, il m’a dit “comptez sans moi” », rapporte-t-il au Los Angeles Times. Ainsi, ce n’est ni la noirceur extrême du scénario ni la violence morale du film — pourtant réputées pour leur intensité — qui ont fait pencher la balance. Mais bien une raison bien plus terre-à-terre : l’aversion assumée de Gene Hackman pour les nuits blanches sur les plateaux.
L’envers du décor : la pénibilité des tournages nocturnes
Dans le milieu du cinéma, les tournages de nuit sont monnaie courante, mais ils demeurent éprouvants. Rythmes biologiques chamboulés, fatigue accumulée, installations techniques complexes… Ceux qui y ont goûté savent à quel point l’expérience peut user même les professionnels aguerris. En 1995, fort d’une carrière déjà foisonnante et auréolé par des succès comme Get Shorty ou Crimson Tide, Gene Hackman n’avait plus à prouver sa valeur ni à sacrifier son confort pour décrocher un rôle supplémentaire.
On peut ainsi résumer ses critères de sélection — loin des considérations artistiques ou scénaristiques — en quelques principes simples :
- Sélectivité accrue : choisir ses projets selon ses propres règles.
- Sérénité recherchée : refuser des conditions éprouvantes inutiles.
- Suffisance d’opportunités : ne jamais courir après un rôle.
L’élégance discrète d’un acteur libre
En définitive, si Somerset a finalement été incarné par Morgan Freeman, offrant au film sa profondeur et son humanité inoubliables, c’est aussi parce que l’intransigeance de Gene Hackman, souvent perçue comme de la rudesse, traduisait avant tout un rapport lucide et apaisé au métier. À chacun ses limites — même quand on est l’un des plus grands.
